Magazine Journal intime

Tribulations d’un Lillois hors de Paris

Publié le 10 mai 2008 par Thierry
Vendredi, votre Lillois-Parisien n’a passé la journée ni à Paris ni à Lille, mais sur Marseille. Et le terme de « tribulations » employé dans le titre est moindre par rapport à la journée qui s’est écoulée. Vicissitudes peut-être. Les Malheurs, quoique cela fasse un peu trop Sophie. Les déboires ? Le fiasco…

Restons sur Tribulations. Après tout, c’est un joli mot que l’on aime bien ici. Il est utilisé depuis les premiers jours sur ce blog. Même si fiasco est plus proche de la vérité.

Parlons-en de ce fiasco. J’ai rendez-vous Gare de Lyon à 7.00 pour prendre le TGV de 7.16 avec A., jolie blonde qui est devenue ma copine depuis que l’on a collaboré durant mes premiers mois dans ma nouvelle entreprise parisienne.

 7.00 Gare de Lyon, visons large : partons à 6.30. Ça nous laissera le temps de passer chercher un café franchement indispensable au Starbucks plus que fréquenté lors de mes semaines de cours, dans le même quartier.

 Départ à 6.30, lever à 5.30. On va mettre le réveil à 5.25, parce qu’au moins, les minutes grappillées ne seront pas accumulées au retard, de toutes façons prémédité.

 Voilà donc, un beau vendredi de mai, un réveil qui sonne à 5.25. Et un lillois, sans qu’on comprenne pourquoi, qui se lève illico. Et pourtant, il a passé la soirée devant un nombre de chick-films indigeste pour tout garçon digne de ce nom. Une douche, un sac et une tenue prêts en trois quart d’heure. Là, encore, on n’a pas vraiment compris.

Il sort donc. Sourire au lèvre, sandales aux pieds, maillot de bain sous le fut et sunglasses au nez. A Nous Marseille !

Premier arrêt : Bastille. Je trace, un peu au radar, jusqu’à mon Starbucks rue du Faubourg St Antoine, pour me faire mon sho(o)t de caféine et le plein de saloperies à bouffer pour le trajet. Sauf que si les rues du quartier sont désertes à 6.35, c’est bien pour une raison toute simple : Starbucks n’ouvre pas avant 8.00. Et ça, il le savait le Lillois ? Boh, non ! Un peu vénère, bien dans le coltard, il reprend alors sa route vers la gare, en se disant qu’il pourra toujours se prendre un mini-expresso à 5 €uros dans la voiture bar du TGV.

Arrivée en Gare. Je cherche A.. Je l’appelle. Je la cherche, la rappelle. On se trouve enfin. « Tu as mon billet ? » Euh… ah ? Ah ben non. Le train part dans trois minutes. Le train m’a toujours filé des sueurs froides. Dépendre d’un horaire à la minute près est quelque chose qui me panique. Vous n’imaginez même pas le nombre de trains que j’ai pu rater. À l’instar de celles de la criminalité, j’explose toutes les statistiques.

Mais, mazel tov, on l’a eu. C’est parti pour trois heures de train.

Le café tant attendu, un petit somme d‘une demi-heure, une pause clope de moins de trois minutes à Avignon, et nous voilà à Marseille.

Pause clope sur le parvis de la Gare. Première surprise : le temps est au gris. Le ciel nuageux, le vent archi-présent et la température moins élevée qu’en arrivant trois heures plus tôt nous font un peu hésiter.

Deuxième surprise : c’est moche. Non, sans blague. C’est moche. Mais pour se rassurer, on se dit que les quartiers de gares (que ce soit celles de Lille, celle du Nord, celle de l’Est ou celles de Lyon), c’est de toutes façons toujours moche.

Troisième surprise. Et si seulement c’était la dernière…

On se renseigne auprès d’un (très joli) agent pour savoir comment rejoindre la plage. « Il vous faut prendre le métro ». Ah. C’est beaucoup moins glamour que prévu. « Ensuite vous devez prendre le bus ». Ben oui, mais là, non quand même ! Je n’ai jamais pris le bus à Lille, je n’ai jamais pris le bus à Paris, je vais pas commencer à Marseille ! « On ne peut pas y aller à pied ? » Ah non, c’est clair que non ! Donc, nous voilà dans le métro.

Alors que nous descendons les escalators le moral nous revient peu à peu (parce que, même nous, c’est pas tout ça qui nous cassera la joie de passer la journée à larver sur la plage) (même si l‘éventualité d‘un retour immédiat sur Paris a déjà été évoquée, j‘avoue). Mais quand le prix du ticket nous est donné, déjà on redescend un peu. Et quand on voit ce truc format carte de visite aux couleurs hideuses et criardes sortir, on ne sait plus trop quoi penser.

Mais quand on voit les Vélib’s (bleus, à Marseille !) (et rouges à Lyon pour ceux que ça intéresse), (pour Aix, je sais plus…) (mais bon… en même temps, on s’en fout un peu), alors là, je pousse des cris d’allégresse ! Non seulement on va faire du Vélib’, mais en plus, on ne se tape pas le bus !

Coup d’œil rapide sur un plan, enfourchage de vélos, et nous voilà, pédalant le cœur léger vers la plage tant attendue. Et méritée, vous en conviendrez.

Sauf qu’évidemment, si on a bien pris la bonne rue, on ne la pas du tout prise dans le bon sens. Ben oui, c’eût été trop beau. Comment s’en est-on rendu compte ? C’est simple : après 20 minutes de pédalage et un rond-point tout aussi mortifère que celui de Bastille, je ne vois toujours pas la plage. Et pourtant la vision que j’ai de la route qui s’étend devant nous est assez ample. Euh… A. ? Je ne vois pas du tout la mer.

« Quoi ???? »

Je prends un peu peur, et arrête le premier groupe de cagoles que je croise. Un groupe de bonnes femmes adorables qui nous fait comprendre, et ce malgré un accent assez inintelligible, que ben juste, c’est à l’ooooooopposé. A. me fusille du regard, alors je fais demi-tour.

Finalement on arrive à la Plage. Avec une majuscule, oui. Parce qu’à ce niveau là, elle a presque valeur de Graal.

Enième surprise -j’avoue, à partir de là, j’ai arrêté de compter : la plage de sable fin s’avère une plage de fine caillasse. Des cailloux. Partout. Tous petits, certes, m’enfin même le plus benêt des citadins aura vite fait de constater que ce n’est pas du tout du sable.

Les cailloux sont accompagnés d’un vent d’une force qui ferait trembler l’échelle de Richter, et qui, évidemment, est glacial. Mais courageux, nous installons nos serviettes sur le « sable » et partons tremper nos pieds pour jauger la température de l’eau. A. me gueule qu’elle est froide. Alors j’y vais. Elle est pas froide, elle est polaire. On rit de notre infortune -dont on commence à prendre conscience, et là, paf, je me casse la gueule dans cette flotte aussi chaude qu’une mer du Nord en plein mois de mars. Tout habillé.

Je me retrouve en maillot de bain, en plein vent, allongé sur ma serviette, à fumer une cigarette salvatrice, pendant que mon pantalon est mis à sécher.

Bon. Ne soyons pas mauvaises langues, le soleil chauffait par intermittences. Mais de petites intermittences, faut avouer.

Au bout de deux heures de courage et de froid, on se dit que ce serait con de rentrer de Marseille avec une pneumonie, et que, vu qu’en plus on a la dalle, il serait tout aussi sage de mettre les voiles. Reprise de Vélib’ à la recherche d’un Monop’. En chemin je croise une jolie fille les bras chargés de sacs Galeries Lafayette. Un cri de soulagement n’est pas retenu : voilà exactement ce dont j’ai besoin. Du shopping. Claquer du fric pour ne pas avoir totalement perdu ma journée. Je m’arrête, lui demande où ces Galeries se trouvent, et, évidemment c’est à l’autre autre bout. En gros, là ou on allait - et dont nous n’étions plus très loin - au départ. Mais qu’importe, le vent me pousse (au propre comme au figuré) vers ce temple si cher (là aussi, au propre comme au figuré).

Arrivés devant, on est également devant un panneau indiquant ce très célèbre « Vieux Port ». Et devant un Monoprix. On se dit que tant qu’à être à Marseille, autant aller voir ce port si prôné de tous. Nous faisons alors le plein de bouffe (littéralement le plein : les trucs sont tous à moitié prix par rapport à Paris. On repart donc avec une salade, une bouteille d’eau et trois sachets de cookies Pepperidge Farm chacun) et filons nous installer sur ce port, histoire de profiter de lui en déjeunant.

Comment vous décrire ce port…? Outre l’odeur nauséabonde de poisson qui vous fait regretter vos cookies illico, c’est juste moche, en fait… Entouré de blocs / barres / HLM et de bâtiments délabrés, je me suis vraiment demandé pourquoi tout ce foin sur ce port qui, non content de n’avoir rien d’exceptionnel, est franchement laid à crever. Après un déjeuner plus ou moins rapide, A. et moi filons GalFa, histoire de se remonter un peu le moral en se diminuant le pouvoir d’achat.

Sauf les Galeries Lafayette de Marseille sont à l’échelle de la ville, et, qu’en gros, même avec la meilleure volonté du monde, rien à en tirer.

Alors qu’A. déambulait dans les rayons cosmétiques (parce que le make-up Dior ça reste du make-up Dior) je commence à ressentir un échauffement sur les cuisses. Puis de plus en plus fort. Puis sur les mollets. L’échauffement se transforme rapidement en picotements puis en brûlure du 7ème degré. Il ne manquait plus que ça.

Passer deux heures sur une plage en plein vent et sans le moindre rayon de soleil, et je choppe quand même un coup de soleil. Et putain, un beau. Un vrai. Un qui fait pas semblant. En fait, aucune partie de la jambe n’est épargnée. Et un petit peu du dos, aussi. Là, je commence à trouver que ça commence à bien faire. Je cours chez Clarins pour acheter illico presto après solaire, crèmes hydrantes, apaisantes, sérums pour le visage et tout le bataclan. Parce que, sans blague, je souffre le martyre.

Je déclare que ça suffit. On rentre à Paris. Sauf que A. a envie d’un café, et j’avoue, ça me fera du bien également. On cherche un Starbucks. Je lui dis que, si ça tombe, y’en a pas. Elle ne me croit pas. Je lui explique que s’il y en a partout à Paris et qu’on en trouve à Lyon, à Lille, par exemple, nada. Elle semble choquée (ce que C&T comprend et partage totalement, d’ailleurs.) J’arrête deux petites nanas. En effet, il n’y en a pas. Alors on cherche un terrasse. Introuvable itou. Dans une ville (censée être) ensoleillée toute l’année, c’est un comble !

Bon, finalement, après une marche bien trop longue quand on a les jambes dans mon état, on fini par s’asseoir pour un grand crème et un cappuccino à 1€50 pièce.

Là, entre deux tartinages de crème, A. lance avec une conviction qui ferait faiblir le plus fervent défenseur de l’OM : « Putain, c’que c’est laid… » Et là, je regarde la ville. C’est vrai, c’est laid. Architecturalement c’est moche, et ça a la prestance et le chic d’un Belleville ou d’un Roubaix d’il y a dix ans. It’s time to go home.

Re-métro, re-gare, on échange nos billets pour partir une heure plus tôt, et nous voilà en route pour Paris. Elle assise à manger ses cookies, moi dans les toilettes à me tartiner généreusement les jambes.

On pourrait croire que c’est fini ? Ohoho, ben non ! Au bout d’une heure et demi de trajet, le train stoppe. En pleine cambrousse. Ding ding ding ! Le train est arrêté en pleine voie. C’est tout.

Quelque vingt minutes plus tard, re-ding ding ding. En fait, le train d’avant à percuté un chevreuil, et, en gros pour faire simple, c’est le bordel. Et on aura du retard, mais on ne sait pas trop combien.

J’avoue que l’ironie de la situation et le drôle de sens de l’humour de celui qui est là-haut ne m’échappent pas, et, pour éviter de pleurer, j’appelle C&T pout lui raconter les aléas, les « tribulations » de cette journée.

Là, entre deux fous-rire, il m’avoue qu’à Lille, il a fait un temps plus que splendide, une chaleur plus qu’à crever, et qu’il est sur le départ pour aller à un barbecue chez le nouveau (sublime) cher et tendre de notre copine V..

22.23, soit une heure plus tard que prévu (donc, vous l’aurez remarqué, l’heure à laquelle on aurait dû arriver au départ, si on n’avait pas changé de train), nous arrivons enfin, bouffée d’air frais, à Paris.

Quoique, bouffée d’air frais, c’est relatif : il y fait une chaleur estivale.

Une chaleur du Sud, quoi…


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