Il est difficile pour le vulgaire de distinguer chien et loup en ces périodes d’obscurité, les Bad Camels quant à eux savent encore séparer le bon grain de l'ivraie. À ce titre, si la vacuité de Jordan Belfort est patente, la performance de Leonardo DiCaprio est époustouflante par le charisme qu’il arrive à insuffler à un personnage détestable. On ne peut être qu’admiratif du chemin parcouru depuis Titanic. Il réussit ici un véritable tour de force en donnant consistance au néant. Comme dans les tragédies grecques, l’hubris plane sur ce spectacle jouissif jusqu'à l’écœurement. Cependant, le film pâtit d’une longueur excessive (2h40). Un effort de concision aurait certainement rendu le film plus percutant et fait taire les critiques déplorant le simple exercice de style.
Au contraire, nous avons là une partie de la fresque de notre décadence actuelle. Le protagoniste du roman picaresque moderne travaille désormais à Wall Street. La drogue, le sexe et l’argent sont les puissants adjuvants de cette farce infernale. Sans en déflorer le contenu, on notera une scène d’anthologie entre DiCaprio et le brillant second rôle Jonah Hill dans une cuisine (the place to be/have).
En un mot, il est salutaire d’aller voir ce film pour parfaire vos humanités et rejoindre le rang des réactionnaires éclairés. N’oubliez pas : on a tous un pote marchand de tapis à la City à sauver.
Avant de nous quitter, il me reste une dernière formalité consistant à vous souhaiter une bonne année 2014. Au-delà de la santé, du bonheur et de la réussite, faites feu de tout bois de votre panache.
Grimaldo de la Vega