Miguel
Rep nous réveille en ce dimanche matin, d'Epiphanie pour nombre de
francophones mais nullement pour le reste des chrétiens, avec cette
confrontation d'un de ses personnages fétiches, le Culpo (jeu de mot
carabiné entre pulpo, poulpe, et culpa, faute morale) et le Pape,
alors que ce dernier vient de créer un nouveau buzz journalistique
avec une intervention datant de novembre mais publiée vendredi
dernier par la revue jésuite italienne Civiltà
Cattolica et reproduite hier par L'Osservatore Romano. Et bien
entendu, l'article de la revue ignatienne avait échappé à tout le
monde mais pas la double page du quotidien du Vatican. Ce matin, la
presse mondiale s'avise donc que le Saint Père, à cette occasion, a
prononcé des paroles qui sortent de l'ordinaire. Et comme
d'habitude, la presse se concentre sur ce qui touche à la morale
familiale.
Avant,
les journalistes s'affolaient autour du préservatif et de
l'avortement, maintenant ils s'excitent sur l'homosexualité et les
divorcés remariés. Et ils nous débitent comme toujours un chapelet
de contresens qui révèlent l'ampleur de leur inculture.
Página/12
fait donc un article non signé, ni pire ni meilleur que tant et tant d'autres, sur ces déclarations adressées à l'assemblée générale des supérieurs de congrégations
masculines, et Miguel Rep y ajoute son grain de sel avec son
céphalopode vert et édenté, qui fait généralement la paire avec
la mystérieuse psychanalyste de Gaspar, que personne n'a jamais vue
dans ses dessins (puisqu'elle se tient toujours derrière le divan où
s'allonge Gaspar).
Pour l'occasion, le Culpo prend l'accent italien :
Traduction :
Je
ne comprends pas ton business, Franchesco (1), je ne pige rien (2).
Qu'est-ce que tu veux dire par "Dieu
nous précède toujours (3) quand il s'agit de nous pardonner ?"
Plus personne ne va se sentir coupable. Tu ne recules devant rien,
hein, quand il s'agit de recruter tes troupes ! Tu vas continuer
à dire des trucs comme ça ?
On
est dans le même business, Papa ! (4) Me casse pas la baraque !
Tu cherches quoi ? Que ce soit de ta faute si les fidèles ne se
sentent plus coupables ? Tu sais ce dont je suis capable, moi,
si je te mets le grappin dessus, Franchesco ?
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Sur
le côté, on lit la mention "Premier
round"
et une devise, qui était celle de Jean-Paul II et non pas celle de
François : Totus Tuus (une formule de consécration à la
Vierge Marie qui fut celle de saint Louis Grignon de Montfort, au
XVIIIème
siècle).
François
a conservé, quant à lui, sa devise épiscopale : Miserando
atque eligendo (Qui a besoin du pardon est aussi qui doit être
appelé [au sacerdoce, au salut ou à la foi])
(1)
En Italien, le pape s'appelle Francesco (avec le c chuinté devant
les voyelles e et i), en espagnol c'est Francisco.
(2)
Là, le Culpo emploie le verbe italien capire, passé dans le langage
portègne grâce à l'importante population italienne immigrée en
Argentine pendant la phase 1880-1930 et dont fait précisément
partie la famille du Pape elle-même, en provenance du nord de la
péninsule italique.
(3)
Re-trait linguistique portègne et néologisant comme le Pape en met
souvent dans sa conversation lorsqu'il s'exprime à bâtons rompus en
espagnol (mais jamais dans un discours : on n'entend pas ça le
mercredi à l'Audience générale). Ici, le substantif printemps
(primavera) prend une forme verbale : primavear.
(4)
Et encore un jeu de mot. Ici, Pape, en espagnol, s'écrirait sans
accent (Papa). Avec un accent, c'est le père.