Quelle chance d’habiter la France

Qu’elle soit quenelle ou l’incarnation d’un centenaire qui marqua à jamais les relations entre les puissances mondiales, l’année 2014 sera, soyez-en certains, la suite de 2013. D’abord d’un point de vue numérique 2013 succède à 2014 et nous pouvons dès à présent vous affirmer avec une audace certes déplacée mais sans prétentions que 2015 succèdera à 2014. Le vœu du Président de la République pour cette année nouvelle est que tous ses compatriotes cessent de broyer du noir, qu’ils « rompent avec leurs désenchantement lancinant », qu’ils arrêtent de se lamenter et avancent vers l’avenir d’un pied sur. François Hollande souhaite donc que les français ne le soient plus. Cesser d’être français n’est pas une mince affaire puisque la lamentation et le repli sur ses propres problèmes s’inscrit au cœur même du patrimoine culturel français : c’est d’ailleurs ce que les jeunes écoliers étrangers apprennent à l’école lorsqu’on leur parle de la France. François Hollande renchérit en expliquant que « plus que jamais, il faut aimer la France. Rien n’est pire que le dénigrement de soi. Etre lucide n’a jamais empêché d’être fier. » Allons-bon, Monsieur Hollande désir faire de notre peuple un peuple de lucides sans mauvaise foi et avec loi. Autant vous dire que la réforme fiscale à un plus bel avenir devant elle que l’idée de faire des français un peuple lucide et fier.

Pourtant, « c’est une chance d’être français dans le monde d’aujourd’hui ». Plein de bonne volonté, il nous montre la voie de la lucidité. Vous n’avez qu’à balancer votre feuille de choux et ouvrir vos écoutilles pour écouter de loin le retentissement des Famas à Bangui, des voitures piégées à Mogadiscio, des bombardements de Noël sur Gaza, des bangladais revendiquant un scrutin juste ou encore l’impuissance de l’armée irakienne face aux groupes terroristes armés. Refermée sur elle-même, la France se terre à l’abri des palettes et montagnes de pneus enfumés lesquels abritent opticiens, cheminots, taxis, instituteurs et autres mécontents. Nous comprenons désormais que la France est irréformable et qu’elle est paralysée par ses corporations, ses castes et ses bandes de privilégiés. Coincés entre le déni et l’hypocrisie bien robuste celui qui arrivera à faire bouger ces « lignes Maginot qui bloquent la France ».

Il est peu souhaitable pour une population d’être saisie d’un  « doute existentiel irrationnel ». Pas de coup tordu, attention, on ne vous parle pas de l’identité nationale, mais plutôt de l’appartenance à une nation, ses valeurs et surtout ce qu’elles représentent. Un avenir ne se construit pas sur le déclin et ça, même le con de base arrivera à le comprendre. Comme on est toujours le con de quelqu’un, acceptons au moins de mettre fin à notre regard obtus et vision nombriliste du futur car pour une nation, la haine de soi est la pire gangrène qui soit.