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Hospitalité, tolérance et pensée

Publié le 07 janvier 2014 par Jjs

En ces moments agités pour notre pays, me revient à l'esprit cette nécessité d'une distinction que nous n'opérons plus entre hospitalité et tolérance. Nous louons les Modernes sous le prétexte qu'ils auraient inventé la tolérance raciale et religieuse...Cette tolérance n'est selon mon modeste avis qu'une régression et nous ne devons pas l'oublier.

Tolérer l'autre c'est l'accepter voire l'admettre.  Les dictionnaires nous disent que tolérer c'est permettre que l'autre ne soit pas conforme à la norme, c'est l'admettre malgré tout en quelque sorte. Les Anciens ne croyaient pas en la tolérance mais bien en l'hospitalité..Relisons Homère et le célèbre passage du Cyclope dans l'Odyssée. Homère le traite de Barbare car il a l'oeil sur le front et cet oeil est celui de la bête qui dévore l'étranger qui débarque sur sa terre. Il s'oppose ainsi aux rares qui accueilleront Ulysse et lui donneront le réconfort et l'assistance.

De même, pourquoi Sodome est-elle condamnée dans la Genèse ? Parce qu'elle abuse de l'étranger dont elle cherche à faire un objet sexuel ou un objet pour ses propres brimades.

Tolérer l'autre c'est l'admettre dans sa différence mais ne pas tenir compte de cette différence, ne pas admettre tout le lot de souffrance qu'il véhicule en venant sur une terre qui n'était pas sienne à l'origine. Il n'est pas d'exil heureux comme on dit. En effet. Celui qui "débarque" sur une terre vient parce qu'il souffre et il vient chercher "asile" sur une terre pour se reposer d'un long périple...

Une certaine lecture contemporaine de la pensée Nietzschéenne laisse aujourd'hui supposer qu'il ne faut pas avoir d'égard pour la souffrance de l'autre. Nous sommes ainsi passés chez certains de la "tolérance" qui est ignorance de la souffrance de l'autre au refus pur et simple d'en tenir compte sous le seul prétexte qu'il faut que l'homme assume ses souffrances pour se dépasser et grandir.

Encore faut-il cependant que cette souffrance soit identifiée. Encore faut-il que l'on laisse le temps à celui qui souffre de l'apaiser et de la surmonter. Encore faut-il qu'elle ne soit pas niée. Dans l'attitude tolérante il y a quelque chose qui interdit à l'autre de prendre conscience de sa souffrance car il lui est demandé de la nier et de se taire...Finalement cette taisance obligatoire n'est rien d'autre qu'une nouvelle souffrance que l'on demande de taire.

Les troubles actuels qui existent dans notre pays sur ces questions trouvent  certainement quelque origine dans ce silence contraint qui tourne autour de toutes ces souffrances d'étrangeté qui nous sont imposées par la "tolérance"....

L'idéal est donc bien faire hospitalité. L'hospitalité peut être de deux ordres : il y a celle qui soulage et qui rabaisse celui que l'on soulage. Il est traité en "malade" et ignoré dans son être. Mais il y a celle qui lui permet de redevenir homme, de se tenir droit. Telle est l'hospitalité des Anciens. Lorsqu'Ulysse est bien accueilli, il ne l'est pas en tant qu'étranger mais pas non plus en tant que "national". Il est pris pour ce qu'il est et écouté. Le temps de sa souffrance lui est laissé...Telle est sans doute l'hospitalité étudiée ici en diagonale mais dont il faudrait certainement chercher à creuser encore et encore tous les aspects qui sont loin d'avoir été décelés.

 


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