J'ai même fait partie des premiers et fréquenté les seconds en militant au PS avant la chute de l'empire soviétique.
J'ai la faiblesse de croire que j'avais de bonnes raisons à l'époque. Le PCF dominait encore l'autre gauche et il n'était pas question pour moi de militer dans un parti qui soutenait inconditionnellement des régimes oligarchiques qui avaient trahi l'idéal communiste. L'engagement chez les trotskystes me paraissait inutile en raison même de leurs divisions internes. Enfin, le souvenir de l'espérance soulevée par la victoire de Mitterrand et les grandes avancées sociales des premiers mois du premier septennat l'emportaient sur la dérive social-libérale qui s'amorçait.
Après la chute du mur de Berlin, la période, toujours en cours, se caractérise par le triomphe du néolibéralisme et la défaite de toute la gauche, social-démocratie comprise. C'est injuste pour la social-démocratie qui n'a cessé de dénoncer le stalinisme, à l'instar du Front de gauche qui paie électoralement la politique du PS tout en la combattant.
Cette défaite est idéologique. Les partis communistes ont perdu leur influence ou ont disparu, et la social-démocratie a rendu les armes. Cette dernière s'est convertie à l'idéologie dominante. Avec la foi des derniers convertis, elle a adhéré sans réserve au capitalisme, soutenu les accords du GATT, les diktats de la banque mondiale et du FMI, mis tout son poids pour imposer les traités relatifs à l'Union européenne, et elle participe activement aux négociations secrètes sur le futur grand marché transatlantique.
En août 2011, dans un petit billet, lettre ouverte à la socialosphère, je dénonçais le cynisme du parti socialiste dans l'opposition et la naïveté de ses sympathisants.
Une fois au pouvoir, le hollandisme ne diffère guère du sarkozisme, hormis dans le domaine sociétal. Même discours et continuité politique sur le chômage et la baisse des charges, même dénonciation des assurés sociaux et des Roms, même horizon indépassable de l'Union européenne et de l'euro,même jugement de l'impôt et même mauvaise redistribution des richesses. Et, même impuissance volontaire à engager la transition énergétique, à lutter contre la fraude et l'évasion fiscales, à limiter les nuisances de la finance ou à engager un moratoire sur la dette publique.
L’attelage Hollande-Ayrault mène une politique de classe qui a systématiquement échoué partout où elle a été pratiquée. La même politique par la "social-démocratie" ou la droite cause les mêmes maux : aggravation de la dette publique qu'elle est censée réduire, accélération de la désindustrialisation du pays, dégradation de la situation sociale des classes populaires et moyennes, aggravation du chômage et de la précarité sociale, et retour de l'extrême droite au premier plan.
Les idéaux de la gauche ont été remplacés par ceux de la droite : l'idéologie de l'égalité des chances (et malheur aux vaincus), le concept gagnant-gagnant (surtout pour le patronat), l'économie de marché (devenue indépassable), le culte de l'entreprise (forcément citoyenne bien-sûr), l'auto-régulation (c'est-à-dire aucune réglementation) et l'obstination à rembourser la dette (les sacrifices).
Aujourd'hui, le PS, c'est la droite complexée, mais il ne faut surtout pas le démontrer...
Plus le gouvernement Ayrault se droitise, plus les sympathisants du PS et les blogueurs de gouvernement Ayrault sont grossiers à l'égard des blogs proches du Front de gauche. Ils me semblent tellement pétris de certitudes que je doute qu'ils lisent des économistes non orthodoxes comme Lordon, Jorion, Piketti, Sapir, etc. Ou leur camarade G. Filoche. Toujours est-il qu'ils reprennent en boucle les arguments des médias dominants, absolument objectifs et indépendants, et il leurs arrive parfois de lire en diagonale et d'écouter d'une oreille distraite ce qui vient du Front de gauche pour alimenter leur mépris.
Ainsi, les critiques du FDG seraient dépourvues de fond et vides de sens ! Les blogueurs du FDG sont dépeints en donneurs de leçons, en radoteurs, en monstres dénués de doute sur la pertinence du FDG, et surtout en fanatiques qui pratiquent assidûment le culte de la personnalité et le PS bashing. Et, pour enfoncer le clou, ils ajoutent l'insulte au dénigrement mensonger : il y est même question d'onanisme et d'homosexualité de branlette... Bref, de comportements quasiment maladifs et compulsifs !
Ils ont donc le mépris du puissant pour le faible, à l'instar du bourgeois pour l'ouvrier ou l'employé. Ils affabulent et insultent car ils n'ont finalement comme arguments tangibles que la faiblesse électorale du FDG et l'hégémonie du PS qu'ils considèrent immuables.
Aveugles ou cyniques, voire les deux, ils accuseront probablement le Front de gauche d'être responsable de la prochaine débâcle électorale du PS.