C'était une époque d'effervescence. Nous ne nous en rendions pas compte parce que nous étions en plein dedans, mais on comprendrait vite, quand f*ceb**k viendrait tout balayer, que nous avions vécu un moment spécial.
C'était quelque part après 2005, des blogs s'ouvraient un peu partout. J'avais entendu le mot quelques fois, j'avais vaguement compris que c'était une sorte de journal intime (ha ha), j'avais même lu une ou deux interviews de Loïc Lemeur, pionnier officiel, et franchement, à l'époque je n'avais vraiment pas compris l'intérêt de rendre son journal intime accessible à tout le monde. En fait, je n'avais pas compris du tout ce que ça pouvait ou devait être, un blog. Parce que c'est ça, aussi, la nouveauté, pour beaucoup d'entre nous : on ne la voit pas toujours d'emblée comme une liberté, on se demande d'abord quelles sont les règles. M'enfin.
Je n'ai vraiment découvert le monde des blogs que par hasard, quand un ami m'a signalé un article de blog sur La Faune on the Flore. Gloire à toi, King Negrito !
(NB - j'aurais bien truffé ce texte de liens, comme à l'époque, mais ils ont presque tous disparu de la toile aujourd'hui, je sens mes cheveux blanchir en direct à mesure que j'écris cette note)
Alors seulement je me suis baladé de lien en lien. J'ai compris qu'il y avait de tout, sur ce qu'on n'appelait pas encore "la blogosphère" : du journal intime, de la catharsis (salut à toi, Agitation Permanente, salut à toi, Divin Connard), du journalisme, du sexe, de la réflexion citoyenne, de la musique (Myspace prendrait bientôt tout l'espace), des critiques de cinéma ou de livres... On y trouvait des écritures originales, drôle ou poignantes, on inventait des formes, on prenait des libertés, et surtout : on conversait.
Ouvrir un blog et entrer dans ce petit monde où les règles s'inventaient en direct, c'était un peu comme entrer dans un gigantesque cocktail, où l'on pouvait écouter tout le monde sans être gêné de ne connaître personne, parler sans peur d'ennuyer le monde, échanger un clin d'oeil ici ou là, entamer un débat ou s'isoler à deux pour une conversation plus privée.
Puis il y eut des rencontres pour de vrai, des soirées de blogueurs, des apéros, des pique-niques... Et c'est comme ça que, de fil en aiguille, j'ai fait la connaissance d'un gang étrange : les blogueuses littéraires.
A suivre...