Magazine Journal intime

Mutatis mutandis

Publié le 11 mai 2008 par Thywanek

Ce n’était plus la clarté lunaire.
Lorsqu’il avait refermé la porte de la maison sur l’extérieur, en ce soir de printemps, avant de remonter dans sa chambre, il avait vu la lune rousse, ventrue, déformée par la trame humide de l’air, posée sur l’horizon bordé par la crête du champs où le blé levait. Elle avait l’allure d’un gros disque de galette diaphane et doré. On aurait pu voir au travers à certains endroits. Cela faisait aussi penser à une vue de la Terre en des ères antédiluviennes où les fleuves et les océans n’auraient pas été encore tout à fait à leur place aujourd’hui connue.
Il s’était assoupi d’il ne savait trop quelle fatigue sans âge, elle aussi. Combien de temps ? Selon le chiffrage de cristaux liquides qui luisait, seul dans l’obscurité, bleu électrique, cet endormissement avait duré environ deux heures. Il se redressa sur le lit, dans ses habits qu’il n’avait pas quitté.
Quelque chose émettait un grattement dans la chambre. Près de la porte. C’est ça qui avait dû le sortir du sommeil inconfortable où il avait sombré. Il allongea un bras vers le premier interrupteur à sa portée. La pièce s’éclaira. Dans la lumière halogène il vit un rat noir, dressé sur ses pattes arrières, qui frappait fébrilement la porte de ses toutes petites pattes avant, en le regardant.
Aucune horreur ne le saisit à la vue du rongeur. La moindre répulsion, si tant est qu’il put encore en éprouver dans la situation où il était depuis quelque temps, s’estompa comme goutte d’eau jetée sur une plaque brûlante. De plus il était évident que le rongeur avait mieux à faire lui-même que de s’effrayer du réveil qu’il avait provoqué. Il cessa un instant son manège contre la porte ; s’avança vers lui ; se dressa de nouveau sur son arrière train ; et le toisa. Assis sur le bord de sa couche, il découvrit alors plus nettement ce qu’il n’avait que deviné jusqu’alors : ce rat noir, grand et mince, avait les yeux rouges. Deux yeux rouges et brillant comme des gemmes. Il agitait ses pattes antérieures en tournant vivement la tête vers la porte. Puis il revint vers celle-ci et se remit à gratter par intermittence.
Y’a-t-il de ces fractionnements, dans un cours d’existence, où toute notion, attachée aux labyrinthes dont les couloirs étroits nous aident malheureusement à tenir debout, se perd au seuil de l’invraisemblable persistance d’un monde autre vainement refoulé : il se leva du lit et se dirigea vers la porte. Le rat, tout à coup excité, accentua son tambourinage sur le bois dont il avait écaillé la peinture en le griffant.
Il aperçu par la fenêtre la lune toujours au même endroit que là où il l’avait contemplé avant de rentrer. En deux heure elle n’avait pas bougé. La lumière pâle, blanchâtre, dont il s’était dit que ce n’était pas la clarté lunaire, lorsqu’il avait rouvert les yeux, provenait donc d’une autre source. Il lui était difficile de dire d’où elle se diffusait. L’astre nocturne conservait ses teintes ambrées. Cependant, et venant du sol semblait-il, une mince brume blanche comme une fine poudre de verre luminescente hissait un voile imperceptible dans l’air immobile et silencieux.
Il ouvrit la porte et le rat se précipita devant traversant la mezzanine jusqu’au haut de l’escalier. Une nouvelle fois dressé de toute sa taille il se retourna. Il invitait à ce qu’on le suive. Il parvint à son tour à l’escalier. Le rat était déjà en bas. Il voulut allumer la lumière pour éclairer les marches. Mais se retint. En bas les petits yeux rubis l’attendaient, partiellement noyés dans une fumée qui couvrait le sol d’une matière diaphane, pareille à celle qui paraissait émettre la clarté irréelle qu’il avait remarquée. Il hésita. Les saccades dont le rat remuait sa tête, petits signes d’impatience qui donnait à son regard luisant des effets de scintillement, commençaient à l’impressionner. Il descendit prudemment. Arrivé au bas des marches, le rongeur était déjà dans le couloir. Il avait stoppé devant la pièce qui était la seule de la maison à ouvrir directement sur la grande terrasse couverte, et la plus proche de l’accès aux granges. Le niveau de la vapeur légère et uniforme le dépassait un peu. Sans faire disparaître complètement la boule noire de sa physionomie. La pièce n’était pas close, l’animal s’y engouffra. De l’autre côté la porte sur l’extérieur était béante.
Il suivait le rat. L’inquiétude montait. L’odeur qu’exhalait les insolites émanations qui couvrait tous les dallages étaient de plus en plus perceptibles. Un lointain fond de souffre, des senteurs florales, de terre, de décomposition, d’herbe fraîchement coupée, de marécage et un soupçon de fer qu’il trouvait à chaque fois qu’il léchait le sang d’une blessure qu’il s’était fait.
Il attendit plus longtemps avant de rejoindre le rat devant la porte de la première grange. Son cœur s’était mis à battre follement. Jusqu’à l’étourdir. Figé au milieu de la pièce, près d’en ressortir sous le auvent qui menait à la terrasse, il vacilla. Le rongeur fit demi tour vers lui et s’approcha. Il fut exactement à ses pieds. Pieds nus qu’il n’avait pas rechaussé depuis la fin du jour. Il s’inclina vers le petit animal qui le regardait. Il sentit ses minuscules pattes antérieures se poser sur un de ses pieds. Son museau se tendait vers lui avec ce mouvement rapide de mâchoires propre à ces animaux qui même sans rien ronger ont toujours l’air de ronger quelque chose. Il y avait de l’émotion dans les yeux rouges de cette créature. Il en ressentit une pointe au fond de lui, à la fois cruellement acérée et indéfiniment caressante. La sensation de vacillement disparu. Il amorça le geste de se baisser jusqu’au sol mais le rat le devança et en un rien de temps fut de nouveau devant la porte de la première grange.
Des heures privilégiées qui passent en marge de celles que nous comptons, que nous devinons parfois lorsqu’elles filent, rapidement ignorée, dans les fissures de ce qui se ruine, et que nous laissons stupidement mourir comme des médaillons d’enfance magique sous leur rouille enfermée dans des greniers de verre blindés.
Il pénétra dans la première grange. Là aussi bien sur le sol était couvert du même molleton impalpable et odorant. Plus épais peut-être. Il ne voyait plus du rat que les yeux rouges presque phosphorescents. Et rien dans l’atmosphère du lieu ne lui parut habituel. Le silence était criblé d’une infinité de sons microscopiques qui tapissaient la pénombre comme si les murs et le plafond eux-mêmes bruissaient. Au fur et à mesure qu’il avançait, suivant toujours le rat noir, il vit naître tout autour de lui, pendantes des solives, accrochées aux mœllons, posées un peu partout, lucioles protéiformes, des concrétions de lueurs composées des corps tintinnabulants de milliers d’insectes, grappes de fourmis, lustres de sauterelles, liseuses de hannetons, couturières de libellules, stroboscopes de mouches, rampes de guêpes, vasques de lucanes, plafonniers d’abeilles. Ayant parcouru la moitié de la distance qui le séparait de la double porte qui menait à la haute grange, l’intensité de l’éclairage surnaturel l’arrêta de nouveau. Le rat devant lui fit de même. La double porte devant lui était entrebâillée. Par l’entrouverture s’échappait cette fumée qui allait ensuite courir partout alentour, noyant tous les sols d’une substance nuageuse qui scintillait plus fort en s’effilochant, en s’élevant pour s’évaporer.
Par son regard écarquillé une pluie d’images en transparence coula jusqu’au fond de lui-même, fond d’un gouffre qui, s’agrandissant vers un ailleurs en arrière de lui, le vidait de tout ce qu’il fut. L’exanguité qui s’ensuivit lui imprima une maigreur que sa chair, à la fois resserrée et détendue, reçut comme une sombre et terrifiante délivrance. Ses oreilles bourdonnaient. Son ventre était devenu complètement creux. Au bout de ses bras ballants ses mains frémissaient.
La féerie qui se déployait ne requérait aucune explication. Il avait souvent pensé à ce temps où il n’y aurait plus rien. Où tout ce qui avait été tenté, promu masse informe qu’il n’y avait plus qu’à picorer pour désoeuvrer mollement à demeurer quelque être, masse desséchée depuis longtemps, et se desséchant continuellement, n’avait plus qu’à disparaître. Qu’il fallait devenir autre. Que rien n’occupait mieux les probabilités de deuil, de disjonction, de départ, que cette disponibilité profondément intime d’une volte s’offrant à des aléas, de quoique que ces hypothèses de destin augurassent.
Derrière la double porte il était évident que du terrible s’était déployé, et sans qu’il en sache les raisons précises, l’espérait. Le rat noir toujours attentif l’observait. Ce rat noir aux yeux rouges le connaissait. Le reconnaissait.
Du fond de son corps expurgés des mémoires inutiles, plus aucunement contenu que d’un noyau battant d’abandon et des don accumulés des sentiments reçus, seule âme de valeur à quoi doit se résoudre une existence qui veut valoir, un être moins qu’humain, et plus que toute humanité possible rencontrait ce rat noir au regards de sang sublime, et du plus perdu s’engageait à recroire aux frayeurs des métamorphoses.
Les lueurs insectogènes était parvenues à l’incandescence. Une chaleur enveloppante émanait de leur concrétions vibrionnantes.
Il se remit en mouvement et fut bientôt dans la position d’avoir une main sur chacun des battants de la double porte. Le rat s’était immobilisé. Recroquevillé. Presque craintif. C’était la dernière étape. Son rôle de guide s’achevait. Est-ce davantage cela qu’il redoutait où ce qui allait alors se découvrir devant celui qu’il avait guidé jusque là ?
Les paumes fermement appuyées sur le bois rugueux il poussa d’un seul coups les deux battants et, les yeux clos, pénétra.
Les mêmes sons, les mêmes lueurs, constellaient l’immense grange. Il rouvrit les yeux. Ici les vapeurs se soulevaient en volutes opulentes à partir d’un même point central. De ce point central se dressait une forme toute d’ombre, haut totem inanimé.
Il se retourna pour apercevoir le rat aux yeux rouges. Il avait disparu.
Assez défait de ses contingence de vivant, assez assuré de ne pouvoir sans dommage rebrousser chemin, assez convaincu, pour tout dire, que s’il s’agissait d’un rêve il s’en réveillerait et que si tout cela était bel et bien réel il n’y avait plus moyen de s’esquiver, il s’avança vers la grande forme inerte.
Il se tint longuement devant elle, cherchant à distinguer quelque chose de connu, tachant d’y entendre un son différent, d’y déceler du palpable.
Alors insensiblement, le bruissement alentour diminua. L’intensité lumineuse s’estompa. Et la forme dans une lenteur extrême s’anima.
Ce fut tout d’abord lumineux. Une lumière qu’il lui attribua d’abord. Bien que l’origine en était indétectable.
Rien de précis ne se distingua d’abord. Il voulut reculer un peu mais s’en trouva empêché par une force qui l’effraya. Puis, dans une lenteur aussi mesurée il devina que des parties commençaient à bouger. Dans la pénombre il vit deux sortes de bras immenses qui élevaient leur membres. Il voulut fermer les yeux. Mais la même force qui l’immobilisait pétrifiait également son regard. La lumière augmentait. Toujours lentement. Et très régulièrement. Sa frayeur progressait elle aussi. Et, voyant se qui se présentait devant lui, un émerveillement sidérant s’emmêlait à l’horreur qu’il éprouvait. La créature apparaissait. Une créature inouïe. Un monstre sans pareil. Au sommet, une probable tête s’était mise à remuer, apparemment prolongée par ce qui dans l’ombre encore ressemblait à un long bec. Dans un froissement de plumes, vastes morceaux de voilure, deux autre parties se déplièrent au niveau où les deux membres s’était précédemment mis en mouvement. Cette lumière, d’une nature incompréhensible, car elle ne semblait pas vraiment venir de cet amas de formes disparates, progressait sur tout l’ensemble, mais bien plutôt d’une source extérieure sans qu’il fut possible de savoir d’où, dévoilant à présent la presque totalité des contours de la bête.
Médusé, il détailla cet assemblage invraisemblable. Sur six grandes pattes noires et couvertes d’un duvet velouté reposait l’énorme abdomen, rond et lisse d’une araignée. Dressé sur cet abdomen était fixé une sorte de buste, ou de thorax, très élancé, disproportionnés, d’où partaient les deux bras entrevus, les deux pattes antérieures d’une mante religieuse. C’est du dos de la mante que partait un long col d’oiseau qui se terminait par une tête de rat au yeux rouges dont le museau se finissait pas un bec effilé de héron. A la jointure du long col et du haut du thorax de mante, deux ailes cendrées étendaient leur impressionnante envergure. La tête de la mante émergeait dans le plumage à la base du cou d’oiseau comme une grosse broche et tournait en lançant de ses énormes yeux verts des regards pointus de ses pupilles noires et glissantes. De la pointe de l’abdomen arachnide sortait une soie abondante qui au contact de l’air se transformait en vapeur cotonneuse et moutonnait en volutes denses sur le sol, gagnant en luminescence au fur et à mesure qu’elle se répandait et se diluait.
Les ailes de la créature s’étant mise à battre mollement les volutes de soie liquéfiée s’agitèrent et produirent une clarté supplémentaire. Une clarté désormais suffisante pour qu’aucun détail ne lui échappe plus sur les formes inconcevables de ce qui se tenait devant lui.
Sa bouche s’était ouverte sans qu’aucun cri, pas même une vague plainte désemparée, n’en put sortir.
Les six pattes d’araignée trépignait par intervalles. Les bras de mante couleur d’émeraude battaient dans le vide dessinant un ballet aléatoire et gracieux. Les mandibules claquaient sans nervosité. Le long cou d’échassier ondulait et au bout les yeux rouges du rat au dessus du bec clos ne le quittait pas, marquant par de vives inclinaisons de tête une attention curieuse mais sans menace.
Il était pétrifié. Submergé par l’éblouissement et par l’épouvante. Il y avait dans ce monstre quelque chose à la fois d’insoutenable et d’irrésistible. Un emmêlement de beauté anamorphosique dans un ballet statique de mouvements inconciliables et qui s’harmonisaient pourtant, et de barbarie fatale présentant le terme d’un accomplissement fusionnel sans espoir connu. Il fixait tour à tour les yeux inquisiteurs de mantes et les yeux rubis de rat.
Les bras de mantes semblaient se tendre vers lui. Le long cou de héron ondulait et s’allongeait jusqu’à ce que le bec d’oiseau put presque l’atteindre, le regard de rat le scrutant par dessus. L’abdomen émis quelques tremblements et se mit à produire une soie différente. Des fils d’une finesse micronésienne et luisant en sortirent et flottant jusqu’à lui vinrent doucement l’envelopper sans qu’il sentit aucun contact. Aucune pression. Tout était invitation. Il cessa de raisonner. Il cessa de s’interroger. Fondaient en lui les derniers fétiches d’un monde où il s’était stérilisé. Où depuis il n’avait plus rien à faire que d’empiler les utilités en prenant soin de les effacer au fur et mesure qu’elle s’étaient usées, et en s’ingéniant à inventer du supportable pour admettre qu’il était plus ou moins question de vivre.
Il essaya à nouveau de faire un mouvement. Il tenta un pas en avant. Et il le fit. Rien ne l’entrava.
Le réseau de soie qui le nimbait à présent, sans l’y pousser pourtant, l’approchait de la créature. La tête à bec du rat qui s’était redressée, se pencha encore sur lui et il sentit le bout du bec frôler sa joue. Il fit un pas de plus. Puis un autre. Tout son corps vibrait sourdement. Un dénouement du fond de sa gorge libéra un sanglot lourd qui se renversa en lui, coupe de plomb fluide, condensé de larmes emportant d’un flot sans retour des beautés de regards et des oublis inaccomplissables. Une chaleur dense l’envahit alors. Des larmes brûlantes coulèrent sur ses joues. Il fit à nouveau un pas en avant. En encore un autre. Les bras de mantes touchèrent de leurs crochets ses mains tremblantes. Les pattes d’arachnide grattaient minutieusement le sol comme pour se camper. Les ailes battirent plus fort pour activer le reste de lumière qui émanait des dernières vapeurs. Le rat approcha encore son bec. Un pas de plus. Un autre pas de plus. Les bras de mantes purent le ceindre sans le forcer. Les yeux verts étaient immobiles. Les mandibules closes.
Il était sous le monstre. Il rejeta sa tête en arrière comme une offre. Son visage trempé de larmes. Il y eut un court instant une suspension de tout. Puis les ailes battirent de toute leur force. Les pattes d’arachnide s’arqueboutèrent, les bras de mantes l’enserrèrent et dans un élan d’une impensable légèreté il décolla puis étendit instinctivement ses propres bras et au bout de cet élan il s’accrocha à la base du cou d’oiseau, la tête de mante logée au creux de son épaule, tandis que les longue patte vertes pressaient ses jambes et son corps contre le thorax, lisse et chaud. Il serrait le cou le plus fort possible, fourrant son visage dans les plumes. Les battements d’aile ralentirent. Il sentit le bec et le cou d’oiseau glisser sur son échine et se replier jusque sous le thorax. Les ailes s’arrêtèrent de battre et se replièrent sur l’ensemble ainsi formé dans un large mouvement d’ample vêtement qu’on referme. Les pattes d’arachnide se tendirent. Le thorax dans son cocon de plumes bascula dessous où les six pattes noires s’en emparèrent, l’enfoncèrent, puis se replièrent à leur tour et la boule noire et luisante de l’abdomen s’affala parterre. Puis elle commença de rétrécir, s’atrophia, pris la forme d’un fruit qui se flétrit, se déshydrate, jusqu’à n’être plus, dans l’obscurité totale revenue, qu’un petit caillou noir et rond. Une sorte de noyau nu.
Tous les insectes étaient repartis. La lune grimpait dans le ciel. Un vent tiède s’était levé. Une vague odeur soufrée rampait par endroit. Quelques clapotis se faisaient entendre dans la mare. Des hululements perçaient dans le lointain.
Plus tard on balaya le sol de la grange et on jeta la pelletée de saletés dans un trou de terre.
Plus tard encore, après bien des mouvements de personnes, et bien des travaux autour de la maison, un curieux végétal crut discrètement au dessus des herbes folles.
Et plusieurs dizaines d’années après, de nouveaux propriétaires demandèrent ce que c’était que cet arbre près de la haute grange, qui produisait une belle ombre et dont le tronc mince était si noir.
Nul ne sut quoi répondre.

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