Éloge du jasmin d'hiver

Publié le 12 janvier 2014 par Sambuca

Je vous ai parlé de Jasminum nudiflorum presque tous les ans et déjà cette année. Ce qui m'a incitée à me pencher de nouveau sur les charmes de cet arbuste, c'est une émission télé. Ce devaient être les informations, sur je ne sais plus quelle chaîne. Un présentateur nous disait que l'hiver ne s'était pas encore montré, que les températures étaient trop douces, et que cela provoquait la floraison hors saison de certaines plantes. Jusque là cela semble vrai mais soudain sa démonstration tourne mal parce que la seule floraison qu'il nous montre comme preuve, c'est une magnifique haie très fleurie de jasmin d'hiver !!! J'ai éclaté de rire. La floraison du jasmin d'hiver, comme son nom l'indique, n'est pas hors saison en hiver

J'ai alors vraiment pris conscience plus que jamais de l'importance de cet arbuste pour la micro-faune du jardin. C'est celui sur lequel les insectes peuvent compter de façon certaine de décembre à mars au moins. Il lui arrive même de fleurir dès novembre comme en 2007 et 2009. Mais pas cette année, les premières fleurs sont apparues fin décembre, ce n'est donc pas lié à la douceur des températures. Comme pour les camellias malgré mes observations depuis des années je n'ai toujours pas compris ce qui influence ces grandes variations de la date de floraison.

Cet arbuste venu d'Asie, principalement le Yunnan, est maintenant dans de nombreux jardins. Il s'est même naturalisé très localement dans quelques départements. Certains diront qu'il a un défaut, il n'est pas parfumé contrairement à d'autres jasmins. C'est vrai, mais à la place il nous donne beaucoup, une magnifique floraison lumineuse et joyeuse qui nous aide à supporter le plus dur de l'hiver en bravant la neige et le gel.

Son feuillage est caduc mais ses feuilles à 3 folioles sont petites

et ses tiges quadrangulaires

sont très vertes. Lorsqu'il a perdu ses feuilles, il est moins dense mais toujours vert. Il peut émettre des tiges de 3 ou 4m de long. Mais ce n'est pas un vrai grimpant, il ne sait pas s'accrocher tout seul. Il faut donc s'en occuper. Il y a 3 solutions. On peut le faire grimper en attachant les tiges à son support. On peut le laisser dégringoler gracieusement d'une butte. La meilleure solution pour moi, c'est d'en faire un arbuste bien dense, c'est ainsi qu'il sera le plus impressionnant par sa floraison. On plante un petit pied et on le laisse d'abord se développer tout seul. Ses longues tiges plient sous leur poids et se marcottent dès qu'elles touchent le sol. Lorsqu'il aura ainsi formé le massif dense aux dimensions souhaitées, on taille tous les ans après la floraison pour l'obliger à rester dans les dimensions désirées.

En ce moment sur mon terrain de Veneux, à part lui, il n'y a pas grand chose à se mettre dans la trompe. Les fleurs du lierre sont fanées depuis longtemps et les fruits presque mûrs, mais c'est pour les oiseaux. Il y a les boutons floraux de l'Edgeworthia qui semblent offrir déjà du nectar

et les fleurs du Prunus subhirtella mais il est bien petit et les fleurs peu nombreuses.

Les pâquerettes sont rares car le terrain ne s'y prête pas. Les dernières fleurs des Camellia sasanqua, eux aussi très jeunes, ne sont pas encore relayées par celle des autres camellias.

Il y a donc surtout les fleurs du jasmin. Elles ont 5 ou 6 pétales dont la base est soudée en formant un tube. C'est à peine si on aperçoit quelque chose à la sortie du tube. C'est le stigmate qui ne nourrit pas son insecte :

La nourriture doit donc se trouver au fond du tube. Regardez comme ce syrphe y enfonce sa tête :

J'ai ouvert une fleur pour voir ce qu'il y cherche

J'ai écarté les éléments de la masse jaune au fond. Ce sont deux étamines

surmontées du pistil bien gluant :

L'insecte enfonce sa tête et sa trompe pour accéder au nectar au fond du tube. La trompe doit se frayer un chemin entre les étamines et ramène le pollen jusqu'au pistil et au pistil de la fleur suivante.