Aux Dames du temps jadis.
- Naga-uta ou chôta -
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Un matin d'été,
une brise parfumée
d'odeurs végétales
et florales irisant
d'iode l'azur,
du Mont Hélicon,
par la Déesse Gaïa
fécondé, aux saintes
hauteurs catalanes,
en Terres de Canigo
porte des deux mondes,
l'amenant à tire d'aile,
colombe au cou blanc,
sur l'arche en danger, rameau
d'olivier et brin
d'amour, subrepticement
et exquisément,
dépose. Un cœur, au hasard
entraîné, s’égare
en ces lieux, d'effluves
divines, baignés,
et, ivre d'encens, rêveur,
perdant son esprit,
voguant en un point flottant
de l’éther, s'endort,
sur un duveteux tapis
de lichens des rennes,
d'un sommeil profond et calme.
Belle, séduisante
dans sa robe mousseline,
d'un vert émeraude
étincelant de lumière,
toute d'élégance
parée, à pas mesurés,
une orodemniade,
vers son Narcisse apaisé,
son berger aède
chantant louanges aux Muses,
s'approche en silence.
Pour son éphèbe, le cœur
battant, d'amour embrasé,
Écho serait-elle ?
Mais trop fier de sa beauté,
dans l'onde bleutée
de la fontaine Hippocrène,
d'un coup de sabot
du Pégase ailé sourdant
pour bonheur des Muses
mirant son visage d'ange
et, hypnotisé,
s'en énamourant, le monde,
sans nul intérêt,
translatio imperii(1),
l'ôtant du réel,
méprisable et haïssable,
faquin et ingrat,
il ne sait que l'éconduire,
déprimant son âme.
Qu'en autres nymphes, la plume
féconde d'Hésiode
instillant,en Aédé,
Mélété, Mnémé,
espiègles et malicieuses,
s'insinuerait-elle ?
Chacune, pour le séduire
et l'ensorceler,
danse avec légèreté
et chante le miel
et l'ambroisie, inspirant
l'obligé poète.
Lui apprenant le beau chant,
leurs voix se confondent
mais l'offrande du rameau
de laurier vert tendre
et l'invocation hymnique,
dans le cœur d'Hésiode,
point écho ne trouvent
pour compagnon des désirs
La belle Pyrène,
fille de roi, désirable,
drapée, dessus son corps nu,
d'un chiton de lin
délicatement brodé,
et négligemment
attaché à son épaule
par une fibule
richement ornementée,
s'immiscerait-elle
en ces lieux emblématiques ?
Auprès du dormeur,
en quête de son Hercule,
elle s'aventure
mais, découvrant un visage
inconnu, déchante.
Simplement ne serait-elle
que la Dame Blanche
de Balatg, à la recherche
de son tendre époux,
seigneur du bourg englouti,
une nuit de lune
rousse, en un lac hors du temps,
que l'inconsolable
Astrée, errant, éperdue,
dans les hautes landes
bercées aux chants pastoraux
de la musicale
fontaine de la Perdrix,
ne sait soupçonner
en chaque homme qui s'égare,
flâneur sans bagage,
sur sa terre d'exception,
l'expression de son aimé ?
© 2014 Raymond Matabosch
Extrait du recueil : "Les Oies sauvages",
Naga-uta, Haïbun et Katauka
Notes :
(1) Translatio imperii : Transfert de la puissance. Narcisse, en son visage se reflétant dans le miroir d'eau de la fontaine Hippocrène, reconnaît celui de sa sœur défunte dont il est follement épris.Devant cette passion désespérée il préféra se plonger un poignard dans la poitrine. Son sang s'écoula dans la terre et ainsi naquit un narcisse blanc à corolle rouge.