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Aux Dames du temps jadis. - Naga-uta ou chôta -

Publié le 12 janvier 2014 par Raymond_matabosch

 Aux Dames du temps jadis.

- Naga-uta ou chôta -

les-muses-grecques.jpg

Un matin d'été,

une brise parfumée

d'odeurs végétales

et florales irisant

d'iode l'azur,

du Mont Hélicon,

par la Déesse Gaïa

fécondé, aux saintes

hauteurs catalanes,

en Terres de Canigo

porte des deux mondes,

l'amenant à tire d'aile,

colombe au cou blanc,

sur l'arche en danger, rameau

d'olivier et brin

d'amour, subrepticement

et exquisément,

dépose. Un cœur, au hasard

entraîné, s’égare

en ces lieux, d'effluves

divines, baignés,

et, ivre d'encens, rêveur,

perdant son esprit,

voguant en un point flottant

de l’éther, s'endort,

sur un duveteux tapis

de lichens des rennes,

d'un sommeil profond et calme.

Belle, séduisante

dans sa robe mousseline,

d'un vert émeraude

étincelant de lumière,

toute d'élégance

parée, à pas mesurés,

une orodemniade,

vers son Narcisse apaisé,

son berger aède

chantant louanges aux Muses,

s'approche en silence.

Pour son éphèbe, le cœur

battant, d'amour embrasé,

Écho serait-elle ?

Mais trop fier de sa beauté,

dans l'onde bleutée

de la fontaine Hippocrène,

d'un coup de sabot

du Pégase ailé sourdant

pour bonheur des Muses

mirant son visage d'ange

et, hypnotisé,

s'en énamourant, le monde,

sans nul intérêt,

translatio imperii(1),

l'ôtant du réel,

méprisable et haïssable,

faquin et ingrat,

il ne sait que l'éconduire,

déprimant son âme.

Qu'en autres nymphes, la plume

féconde d'Hésiode

instillant,en Aédé,

Mélété, Mnémé,

espiègles et malicieuses,

s'insinuerait-elle ?

Chacune, pour le séduire

et l'ensorceler,

danse avec légèreté

et chante le miel

et l'ambroisie, inspirant

l'obligé poète.

Lui apprenant le beau chant,

leurs voix se confondent

mais l'offrande du rameau

de laurier vert tendre

et l'invocation hymnique,

dans le cœur d'Hésiode,

point écho ne trouvent

pour compagnon des désirs

La belle Pyrène,

fille de roi, désirable,

drapée, dessus son corps nu,

d'un chiton de lin

délicatement brodé,

et négligemment

attaché à son épaule

par une fibule

richement ornementée,

s'immiscerait-elle

en ces lieux emblématiques ?

Auprès du dormeur,

en quête de son Hercule,

elle s'aventure

mais, découvrant un visage

inconnu, déchante.

Simplement ne serait-elle

que la Dame Blanche

de Balatg, à la recherche

de son tendre époux,

seigneur du bourg englouti,

une nuit de lune

rousse, en un lac hors du temps,

que l'inconsolable

Astrée, errant, éperdue,

dans les hautes landes

bercées aux chants pastoraux

de la musicale

fontaine de la Perdrix,

ne sait soupçonner

en chaque homme qui s'égare,

flâneur sans bagage,

sur sa terre d'exception,

l'expression de son aimé ?

© 2014 Raymond Matabosch

Extrait du recueil  : "Les Oies sauvages",

Naga-uta, Haïbun et Katauka

Notes :

(1) Translatio imperii : Transfert de la puissance. Narcisse, en son visage se reflétant dans le miroir d'eau de la fontaine Hippocrène, reconnaît celui de sa sœur défunte dont il est follement épris.Devant cette passion désespérée il préféra se plonger un poignard dans la poitrine. Son sang s'écoula dans la terre et ainsi naquit un narcisse blanc à corolle rouge.


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