Bien qu'installé à Lomme depuis 2001, je n'ai pas fait sa connaissance tout de suite. Il m'a fallu attendre de prendre mes marques et de trouver davantage de temps libre, pour la rencontrer tout d'abord au comité de lecture du Prix du Marais. J'ai été tout de suite interpellé par ce petit bout de femme énergique, ayant toujours un avis à exprimer sur chacun des livres exposés, et trouvant quasi systématiquement le point de vue dérangeant, qui obligeait à réfléchir et à approfondir la pensée. Elle se fondait pourtant dans le collectif, mais elle le transfigurait.
Comme d'autres, je l'ai revue chez les militants d'Europe Ecologie les Verts, où elle faisait figure d'agitatrice perpétuelle d'idées, ferme dans ses convictions, et appliquant sa pensée par les actes. Elle savait le faire avec humour aussi, et nous avons passé de bons moments à en rire ensemble. De même, poussant l'engagement jusqu'à sa limite, bien qu'elle ne fût munie d'aucun mandat électif, elle était devenue la sentinelle de sa rue, intervenant, souvent médiatiquement, chaque fois que cela lui semblait nécessaire. En septembre 2011, nous avions ainsi réfléchi à une manifestation sur le thème "la rue Gallieni cherche mairie d'adoption", lors des 50 ans de la mairie de Mont-à-Camp, pour signaler les problèmes qui ne semblaient concerner ni Lomme ni Lille. Seuls des problèmes de calendrier l'en avait empêchée. Mais elle avait su mener le combat contre les voitures ventouses d'Euratechnologies qui encombraient la chaussée du matin au soir, ce qui a poussé la ville de Lomme à revoir son stationnement.
Comme tous ses amis, je suis attristé par sa disparition. Au fil du temps elle était devenue une amie que j'aimais bien. Nous ne la reverrons plus mais nous ne l'oublierons jamais. Paix à son âme, elle l'a bien mérité. C'est la plus belle des médailles. Pour tous les anges et les saints du Paradis, ce ne sera pourtant pas de tout repos, surtout si elle cherche à les convertir à la nourriture bio et veut leur faire lire les livres du prix du Marais.