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Le masque

Publié le 17 janvier 2014 par Ephe
Elle est assise au milieu de la pièce le regard vide. Sa jupe d'un jaune flamboyant est déchirée et sale. Il n'y a aucun bruit, hormis sa respiration sifflante. De longue trace de mascara noir sillonne ses joues couleur cendre. Sa lèvres inférieure d'un rouge indécent est coupée et saigne légèrement. Elle ne bouge pas. Elle cligne à peine des yeux. Sont poing, crispés sur un feutre noir, est blanc à force de serrer. Autour d'elle, le cahos. Tous les murs, blanc immaculé, sont à présent noirci de centaine et de millier de citations. Elle les a tous écrites l'une après l'autre. Certaine citation racontent sa vie, d'autre celle qu'elle rêve de vivre. Elle a habillé le vide de mots. Des mots qui veulent tout dire. Des mots qui refusent de passer ses lèvres scellées par le temps. Elle est épuisée d'avoir écrit mais pas apaisée. Son coeur bat furieusement contre sa cage thoracique. Il aimerait tellement lui insuffler une brise d'espoir, un souffle d'énergie, mais il sent le poison de l'abdication coulé lentement à lui. Elle a perdu du sang. Précieux fluide. Elle s'est coupée les bras. Dans sa rage, elle a troquée le feutre contre son sang donnant ainsi vie à ses mots. Quelqu'un les lira, un jour. Ils ne comprendront pas le message. Ils ne verront que des mots enchevêtrés. Comme sa vie. Ils diront que c'était inévitable. Ils ne chercheront pas à voir au-delà de toutes ses lettres. Elle n'est pas encore prête.
Alors, lentement, mécaniquement, elle se lève. Elle ramasse un pinceau et le trempe dans la peinture blanche. D'un pas morne, elle s'avance vers le mur et commence à le repeindre. Des heures passent où sans réfléchir, elle repeint sa chambre, replace les meubles et accroche le miroir qui était dans un coin. Puis, elle enlève ses vêtements déchirés, passe un jean et un pull à manche longue pour cacher les cicatrices et se dirige vers la glace. Elle se fixe sans se voir. Elle nettoie les traces de mascaras, efface les rougeurs avec du fond de teint, peint ses lèvres meurtries, allonge ses cils d'un mascara haute gamme. Finalement, elle se parfume. Puis, elle entend la porte de la chambre s'ouvrir. Juste à temps, elle plaque un sourire lumineux sur son visage et se retourne et enlace son petit ami. Et pendant qu'il la serre contre lui, il ne voit pas le vide abyssale derrière la façade de ses magnifiques yeux vers. Il ne voit pas le masque.


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