Ferez-vous partie des 45 000 adeptes du tabagisme à vous enlever prématurément la vie cette année au Canada? Qui seront les 1 000 non-fumeurs à succomber avec vous? Votre conjoint? Vos enfants? Des membres de votre entourage? Qui?
Les sectes peuvent bien aller se rasseoir! Le tabagisme remporte la palme du plus grand suicide collectif au monde. Pas besoin de boissons au cyanure, juste de simples cigarettes en vente libre partout dans les bons magasins et chez nos amis les Indiens.
– Faut bien mourir de quelque chose, direz-vous.
Voilà une bien drôle d’idée. Moi, j’aimerais mieux mourir de rien. M’endormir un soir paisiblement dans la douceur et la chaleur de mes draps santé et ne plus jamais me réveiller. Aucune souffrance. Alléluia!
Mais la mort que s’impose le fumeur est loin d’être aussi rapide et agréable. En effet, le fumeur s’éteint à petit feu. Il se consume au gré de chaque bouffée de cigarette et des 4 000 substances chimiques contenues dans sa fumée. Contrairement à certains adeptes des sectes qui se donnent une mort rapide en ingurgitant du cyanure ou autre poison, les adeptes du tabagisme s’infligent une mort lente, pénible, parfois même agonisante.
Ceci vous effraie? Mais vous tenez mordicus à mourir de quelque chose, à vous sacrifier pour la cause.
Sautez en bas du pont. C’est bien plus simple et c’est moins coûteux pour l’État, sans compter que vous épargnerez vos proches. Ils auront de la peine certes, mais ils ne seront pas déchirés par des années passées à vous regarder souffrir, étendu dans un lit d’hôpital, dans votre couche, paralysé par un accident vasculaire cérébral (AVC) ou atteint d’un cancer débilitant.
Vous croyez que j’exagère? Je ne vous blâme pas. Ne me croyez pas sur parole. Voyez par vous-même. Il n’y a rien de mieux pour se faire une idée. Allez faire un petit tour à l’hôpital. Certains patients seront heureux de votre visite, car plusieurs sont sans famille et n’ont pour seuls amis que les laveurs de planchers. Allez, entre deux cigarettes, vous trouverez bien quelques minutes pour vous y rendre. Mais surtout, ne courez pas. Vous pourriez vous essouffler.
Une fois à l’hôpital, marchez, faites le tour — ne dérangez pas trop tout de même. Ce sont des malades. Regardez autour, les membres de votre secte sont faciles à reconnaître. Après tout, le suicide du fumeur passe par plus de deux douzaines de maladies et de conditions. Vous êtes perplexe ? Je vous en donne quelques-unes ; ça vous aidera à les repérer : maladie coronarienne ; maladie vasculaire ; anévrisme aortique ; cancer du poumon, de la bouche, de la gorge, du larynx, du pancréas, du rein, de la vessie, du col de l’utérus ; maladie pulmonaire chronique ; bronchite chronique ; emphysème ; pneumonie ; ostéoporose. Je m’arrête ici. Je pense que vous avez compris l’idée. Je ne voudrais surtout pas dramatiser.
Enfin, jetez un coup d’œil à l’urgence. C’est un endroit très éducatif. Mais ne restez pas trop longtemps, car les lieux sont toujours bondés. Et, c’est encore pire lorsqu’il fait très humide et qu’il y a de forts vents, puisque de telles conditions climatiques causent généralement de sérieux problèmes respiratoires surtout aux adeptes du tabagisme. Comment les reconnaître ? Facile. Ils sont tous branchés sur des respirateurs. Finalement, c’est comme un genre de fête. On célèbre la mort qui approche. Moi, ce n’est pas le genre de fête qui m’amuse. Par contre, l’adepte y trouvera certainement de quoi se réjouir ? Et puis, qui sait, peut-être serez-vous vous-même invité officiellement la prochaine fois ?
Un autre endroit intéressant à visiter, surtout à l’heure des repas, c’est l’aile des patients longue durée. Mettez-vous un peu à l’écart quand même, histoire de ne pas gêner le personnel qui s’affaire à nourrir tout ce beau petit monde en chaise roulante. Plusieurs des malades ne peuvent même pas lever le petit doigt, ils doivent être nourris comme des bébés. Mais remarquez comme le personnel prend bien soin d’eux. Je crois que vous y serez bien. Et vous, vous aimez l’endroit ?
Là, je sens un brin de panique s’emparer de vous ? Vous songez à sauter en bas du pont ?
Je plaisantais quand je vous disais qu’il était plus simple de sauter en bas du pont. Tout à coup, vous vous manqueriez ? Ce serait l’hôpital, paralysé dans un lit aussi. Ce n’est pas d’avance, croyez-moi.
Mais maintenant que j’ai votre attention, il existe réellement une solution simple au tabagisme. C’est de sortir de la secte ; c’est de cesser de fumer tout simplement. Wow ! Débile, hein !
Vous manquez de courage pour écraser une fois pour toutes ?
On n’a vraiment pas la même définition du « courage ». Pour moi, se laisser mourir à petit feu jusqu’à voir son corps se désagréger morceau par morceau : artères sclérosées, muscles atrophiés, vessie en perte de contrôle ; sans penser à la peine et à la détresse qu’on inflige à ses proches, ça, c’est du courage.
Peut-être pensez-vous qu’il est trop tard pour arrêter de fumer ?
Erreur ! Il n’est jamais trop tard ! En effet, la plupart des maladies reliées au tabagisme ainsi que l’espérance de vie s’améliorent après que le fumeur a cessé de fumer.
Vous n’êtes toujours pas décidé à cesser de fumer ?
Dommage. J’aurais bien aimé vous convaincre avant que vous ne soyez confiné dans un fauteuil roulant avec, pour seul organe fonctionnel, votre cerveau. Oui, celui-là même qui vous répétera sans cesse : « Finalement, la fille qui a écrit l’article sur la mort lente et horrible des fumeurs, et bien, elle n’était pas si paumée que ça après tout ! ».
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