Le monde est sacré ! L'âme est sacrée ! La peau est sacrée ! Le nez est sacré ! La langue et la queue et la main et l'anus sacrés !
Tout est sacré ! tout le monde est sacré ! partout est sacré ! toute journée est dans l'éternité ! Tout homme est un ange !
Le clochard est aussi sacré que le séraphin ! le fou est sacré comme tu es sacrée mon âme !
La machine à écrire est sacrée le poème est sacré la voix est sacrée les écouteurs sont sacrés l'extase est sacrée ! HOWL (extraits) Allen GINSBERG
Elle s'appelait Clara, je lui avais demandé de me prendre en photo sur Elizabeth street entre Chinatown et Little Italy, attends !!! j'ai pas une tronche de geek, je m'en rappelais pas de ces détails topographiques, mais j'ai retrouvé des notes cette fin de semaine en remettant la main sur des photos glissées dans une pochette en plastique transparente rangée dans un tiroir pourri d'une commode mitée.
Comment ces papelards avaient traversés presque quatre décennies et surtout bravés la voracité inventivement destructrice de mômes "fouilleurs" et il y en eût un certain nombre entre ceux de ma soeur, de mon frère et les miens ?
Les photos et les indications étaient prêtes à passer l'éternité peinardes, z'avaient même pas été un relief à termites qui firent pourtant des incursions ravageuses dans cette pièce qui avait été ma chambre, autrefois. Le plastoc protégeait le tout. Comme les voies du Seigneur : Impénétrable.
J'ai donc "revu" Clara samedi dans ma tronche. Toujours aussi jolie. Je l'avais rencontré en 1974, avais osé l'aborder, oh sûrement en bafouillant, rougissant et déblatérant un anglais pourri, mais je m'étais lancé. Elle avait du temps - un peu - voulait me rendre visiblement service. Elle m'a dit qu'elle était de Philadelphie, je lui ai dit que je connaissais, Pennsylvanie capitale Harrisburg lui ai-je dit dans un souffle la laissant baba - fastoche, je connaissais par coeur tous les états et capitales d'états des states - et moi j'ai rajouté que j'étais d'Amou, elle connaissait pas. Je lui ai dit alors "près" de Bordeaux là OK, le french good wine y est obligatoirement passé.
Mais elle était fine et légère d'esprit autant qu'elle était jolie Clara, je l'ai senti tout de suite. Je lui ai demandé si elle connaissait Woody Guthrie, m'a dit que non, mais en jasant chansons étasuniennes elle m'a dit qu'elle avait été au concert du Madison square pour le Bangladesh trois ans plus tôt et qu'elle avait croisé de près Dylan et Ravi Shankar. Choc, émotion folle chez moi !!! J'ai osé lui parler de Kerouac, Burroughs, Ginsberg, Ferlinghetti, Corso, tous les potes de la génération beat. Elle buvait ça comme du petit lait. Avait tous les bouquins ou presque, adhérait. "Howl" était toujours à demeure sur sa table de chevet, "La Bombe" de Corso, "mon" poème, était même accrochée au-dessus de son pieu en sa forme de "champignon atomisé". Bonheur pur que d'apprendre ça...
Ensuite on a décidé d'aller à la Circle Line, je voulais faire le tour de Manhattan sur la flotte, fastoche d'aller au quai à pied, de rejoindre l'Hudson river par les travers et remonter ensuite les 11ème et 12ème avenues jusqu'au coin de la 42ème rue. On a pris le bateau ensemble, incroyable, j'étais sur un nuage, elle m'a pris en photo assis sur un banc rouge, elle a insisté sur la "belle" couleur rouge.
Le temps a passé trop vite, c'est une histoire vraie que je raconte, on arrivait à "se piger", force mimiques, gestes, franglais, anglais du lycée d'Orthez, envie surtout de communiquer, je pense que lorsqu'on veut "relationner" avec ses tripes et son coeur avec quelqu'un on peut le faire, sans problème, même si on a quelqu'un du Balouchistan oriental en face de soi.
Trop court bordel, si court, ça je m'en souviens de l'éphémère de cette situation. Clara m'a dit "father" quelque chose, un rendez-vous avec son dabe, important. Le bateau nous a craché comme des noyaux de cerises sur le quai Pier 83, bordel de merde. Clara s'est engouffrée dans un autobus. J'étais comme un con. En ce temps sans portable, en ce temps de merde où le génie de Mr Jobs n'avait pas encore sévi j'étais paumé et elle aussi.
Elle est montée à l'avant, pris son tickson et le bus a démarré c'est alors que je l'ai vu "courir" dans le couloir du bus pour se mettre contre la large vitre arrière. Me faire un signe de la main, l'autre main sur le coeur. Je m'en souviens. C'était pas noté sur mon papelard ça. Je me souviens lui avoir montré mon appareil photo tendu à bout de bras, je l'avais même pas prise...
Quatre ans après maîre Zimm a sorti "Renaldo et Clara", j'aurais voulu m'appeler Renaldo, mais les potes se seraient foutus de ma gueule, Renaldo... par la suite il y eût un encagé, un certain "Renato" qui fut gavé de succès, mais ça c'est autre chose. Renaldo c'était un prénom un peu con, enfin je le voyais comme ça, mais j'ai vu Clara longtemps à travers le chef d'oeuvre de Dylan.
Je vois plus vraiment son beau visage, j'ai essayé de creuser ma mémoire pour le rendre plus visible, assis au bord de mon pieu dans mon ancienne chambre quand j'ai retrouvé "ce trésor de guerre", pas moyen. Je le sais pourtant, elle était très jolie Clara, j'aurais bien voulu l'embrasser, qu'elle me lise "la Bombe" et "Howl" couchée avec moi dans son pieu...
George Harrison-My sweet lord-concert pour le... par LucyintheSky42
paroles en français : http://www.lacoccinelle.net/266111.html
Georges brassens les passantes par tunisien-kiffan