Billet représentant ma participation au petit concours organisé par Une fille ordinaire en collaboration avec Sabrina.
La mode m’a sauvé la vie.
Plus précisément, l’arrivée des bottes m’a sauvé la vie. Plus précisément encore, les bottes ont sauvé mes jambes.
Je menais jusque là une vie morne de fille banale, et les bottes ont tout transformé en moi. Maintenant je déambule partout, telle la déesse de l’amour, avec mes bottes de mille lieues, séduisante, sûre de moi. La chatte bottée du 21e siècle.
J’ai des cuisses de grenouille et des mollets de coq. Rattachés à des panards de taille normale mais fins comme des crêpes et qui sont dotés de longs orteils semblables à des cure-dents (vous voulez une photo ? je crains cependant que skynet refuse l’insertion d’une telle horreur). De plus je suis taillée en abat-jour. Un haut un peu grassouillet, mais rehaussé par deux atouts féminins non négligeables, sont parfaits mes seins, je le crie haut et fort, ils sont magnifiques, splendides, juste comme il faut, parfois j’envisage de mettre mon pull sur la tête et de les exhiber pour voir l’effet que ça ferait (n’appelez pas l’asile, je plaisante, mais si vous croisez un jour une femme coiffée d’un pull et seins à l’air, là, appelez vite l’asile, c’est que j’aurai définitivement pété un câble). Un abat-jour je vous dis !
Alors après avoir subi une enfance «mollets de coq», une adolescence «mollets de coq», je m’épanouis maintenant dans des bottes à longueur de journée. Dès qu’il fait moins de 20 degrés, j’enfile mes bottes et j’assume mes mollets. Elles ne me quittent pas de septembre à avril. J’en ai toute une collection. Je me régale. Bon j’ai d’énormes difficultés à en trouver qui me vont, d’autant que cette année ils les ont fait plus larges pour les 90 % de filles qui ont des mollets de vache et qui n’arrivent pas à fermer les tirettes (la mode des slim jeans dans la botte n’arrange pas mon commerce). Bien sûr on ne pense pas aux 10 % mollets de coq comme moi. Mais avec beaucoup de recherches et d’astuces, j’ai trouvé mon bonheur.
Mes bottes et moi c’est une très longue histoire d’amour maintenant. Je me pavane, fière comme un paon (et plus comme une poule à mollets de coq), avec mes bottes de toutes formes et couleurs. Le bonheur. Parce que je le vaux bien.
Par contre dès que l’hiver fait place au printemps (à savoir actuellement déjà, les nouvelles collections ayant d’ores et déjà envahi les vitrines) puis, horreur, à l’été, mes mollets de coq réapparaissent lamentablement, et l’enfer recommence, vu que mes panards ne tiennent dans aucune des jolies petites choses qu’on fabrique pour l’été, à talons sympas, avec des petites brides, voire bien ouvertes, parfois avec quelques perles (j’en bave d’envie). Mes pieds ne tiennent pas là-dedans, ils glissent à droite, à gauche, et finissent par s’échapper par le moindre petit trou. Je me dois de cacher ces horreurs de la nature, pour ne pas traumatiser les créatures au nez proche du sol (donc de mes palmes), savoir les enfants et les chiens.
D’ailleurs je n’accepterai aucun rendez-vous galant du 1er avril au 1er septembre cette année, qu’on se le dise...
Je dois cependant préciser un côté positif de la chose (enfin des deux choses que j’ai là en bas des mollets de coq), et je le ferai via le dicton du jour : « à pieds maigrelets godasses préservées » (chez moi, pas de chaussures déformées par les gros pieds plein d’orteils tout gras) ! Joli mon dicton inédit non ???
Reste à mettre des bougies à l’église chaque semaine pour que la mode aux bottes persiste encore des dizaines d’années… sinon je suis foutue, totalement foutue !
Illu de Isacile.