Laka, laka ! Balaka-laka ki mbafu !
Pour une sauterelle, un couple faillit mettre sa vie en danger. Femmes, sachez donc partager tout ce que vous avez avec vos maris !
L’histoire commence au milieu d’une journée dans un village. Une jeune femme venait d’attraper une sauterelle qui volait près de sa case. Elle la grilla au feu et se mit à la manger. Son mari qui était à côté d’elle lui en demanda un morceau. Mais la femme refusa. Pris de colère, l’homme quitta son épouse et s’en alla se promener.
Le soir approchait. Ne voyant pas revenir son mari, la femme se mit à sa recherche. Elle fit, d’abord, la ronde de tous ses amis au village. Puis, elle se rendit au village voisin et demanda à ceux qui le connaissaient s’ils l’avaient vu par hasard. Sans succès. Elle se retrouva finalement, seule sur la route, en pleine brousse.
Elle marcha pendant longtemps sans rencontrer âme qui vive. Brusquement, un gros vieil homme lui apparut sur son chemin. Elle lui demanda :
Tshilume tshikulu wetu’awu,
ku mmweneneku mbayany’awu,
nakudia kapasu tshimupeshi,
tshinji tshia kapasu tshia mukwata !
Mon cher vieil homme,
N’auriez-vous pas vu mon mari,
Amour de ma vie ?
Fâché, il s’en est allé,
Pour une sauterelle que je lui ai refusée !
Alors, une conversation s’engagea entre le vieil homme et la jeune femme.
- Nwa kutanda anyi ? (Vous êtes-vous disputés ?).
- Nansha kakese ! (Nullement !).
- Nwakulwangana ? (Vous êtes-vous battus !).
- Too nansha kakese ! (Nullement)
- Amu tshinji tshia kapasu ? (Seulement une colère pour une sauterelle ?)
- Hm eyowa ! (Eh oui !)
Le vieil homme réfléchit un moment pour lui dire finalement qu’il n’avait pas vu son mari. Mais lorsque la jeune femme voulut se séparer de lui, il la retint en lui prenant la main.
- Cette route que tu as empruntée est réputée très dangereuse. Lui dit-il. Prends ces deux calebasses que je te donne. Si tu rencontres un danger, tu casseras d’abord celle-ci par terre, lui dit-il en indiquant l’une des calebasses, et tu verras ce qui va t’arriver. Si un deuxième danger se présente, tu casseras cette deuxième. Tu as compris ? La jeune femme prit les deux calebasses, remercia le vieil homme et se remit en route.
Après voir parcouru un long chemin, elle entendit un grand bruit dans un buisson très proche. Prise de panique, elle se retourna aussitôt pour se retrouver, nez à nez, avec un grand lion. Ce dernier rugit et se lança sur la femme qui esquiva, de justesse, l’attaque du fauve en poussant un grand cri. Le lion chargea de nouveau. Lorsqu’il voulut l’attraper, la jeune femme cassa la première calebasse par terre.
Aussitôt, les fourmis se répandirent entre la femme et le lion. Pendant que le lion cherchait à se débarrasser des fourmis ayant investi toute sa fourrure, la femme courut du mieux qu’elle pouvait afin d’échapper au prédateur. Ce dernier connut un grand retard sur la jeune femme, mais n’abandonna pas pour autant.
Après avoir couru plusieurs minutes et ne voyant plus le lion derrière elle, la jeune femme se remit à marcher. Il lui restait encore une calebasse, mais elle ne savait pas combien de kilomètres elle allait encore avaler avant de retrouver son mari. L’inquiétude était très grande en elle.
Soudain, elle entendit un ricanement derrière un arbre. Se retournant aussitôt, elle aperçut de nouveau le lion auquel elle venait d’échapper. Celui-ci sortit de sa cachette et se mit à la poursuite de la jeune femme. En ce moment précis, la jeune femme cassa la deuxième et dernière calebasse qu’elle avait en main.
Aussitôt, jaillit une grande rivière qui la sépara du lion. Et au milieu de la rivière, des crocodiles, sortant leurs têtes sur la surface des eaux, firent peur au lion qui abandonna toute poursuite.
La femme put continuer sa route en toute tranquillité. Très tard le soir, elle arriva à un grand château construit sur une colline verdoyante. Elle y rencontra une petite vieille dame assise devant le portail. Elle était très sale, habillée de haillons. De ses yeux infectés coulaient des sécrétions jaunâtres jusqu’aux joues. Ses bras et ses jambes étaient couverts de très grandes blessures d’où sortaient aussi des pues plus puantes que jamais. On ne pouvait la regarder deux fois, sans éprouver de la nausée.
La jeune femme eut naturellement du dégoût pour la vieille. Mais toute fois, elle lui posa la même question :
Kakaji kakulu wetu’awu
Kumweneneku mbayany’awu
Nakudia kapasu tshimupeshi
Tshinji tshia kapasu tshia mukwata!
Chère belle Madame,
N’auriez-vous pas vu mon mari,
Amour de ma vie ?
Fâché, il s’en est allé
Pour une sauterelle que je lui ai refusée !
Une conversation s’engagea de nouveau entre la vieille femme et elle.
- Nwa kutanda anyi ?
- Too nansha kakese
- Nwa kulwangana?
- Too nansha kakese
- Amu tshinji tshia kapasu?
- Hm eyowa!
La pauvre vieille femme regarda tranquillement la jeune femme et lui donna ses conditions.
Tu peux voir ton mari, mais à une seule et unique condition : Tu devras, d’abord, lécher mes plaies. Laka, laka ! Balaka-laka ki mbafu ! (Lèche, lèche ! Ceux qui lèchent n’en meurent pas pour autant !) (A suivre)
Lumbamba Kanyiki
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