Girl Power

Publié le 22 janvier 2014 par Pomdepin @pom2pin

L’école primaire de mes filles organise tout les ans une "money week", j’y reviendrai, mais en préparation, l’institutrice de princesse 1 a voulu montrer à ses élèves, et plus particulièrement aux filles, que les femmes réussissent très bien dans la vie. Alors bien sur, j’applaudis bruyamment! Ça, c’est une initiative magnifique, bravo la maîtresse….j’étais prête à aller la féliciter en personne quand Princesse 1 m’a décrit la chose plus en détail. Et là, je n’applaudis plus du tout.

Ma fille est dans une classe équivalente au CE2. Si je me souviens bien, à l’époque du CE2, ma pire angoisse, c’était de perdre toutes mes billes à la recréation. Ou que ma petite sœur finisse toutes les chocolatines du goûter avant que je rentre de l’école. (J’ai failli écrire pains au chocolat! C’est l’influence parisienne de Marichéri), pas de savoir si j’étais trop grosse. D’ailleurs le concept de calorie ne m’évoquait rien. Et bien maintenant, en tout cas en Angleterre, les petites filles de 8 ans parlent ligne, kilo et régimes…Au lieu de faire des plans de cabanes géantes, des attaques de camps indiens, ou des pistes spéciales gamelles en vélos. Et quand on demande par hasard à ces adorables enfants ce qu’elles veulent faire plus tard, elles répondent innocemment chanteuses, top model, ou esthéticiennes. Pas astronautes, poètes ou chirurgiens. En sachant tout ça, car elle le sait pertinemment, ce génie pédagogique qui est en charge de la classe a eu l’idée lumineuse de leur parler de deux femmes qui ont réussit: Victoria Beckham et Cheryl Cole. C’est à dire des Wag ou ex Wag, ( ça veut dire: wife and girlfriend, pour ne pas dire pouffes de footballeurs) , bref des autorités intellectuelles, pas du tout obsédées par leur apparence. Victoria Beckham, qui respire littéralement la joie de vivre, qui sourit quand elle perd une dent (ça diminue son poids sur la balance!) et se nourrit grassement d’une demi laitue tous les trois ans, et Cheryl Cole, connue pour…euh….attendez, elle a vaguement meuglé, pardon, chanté, et a été mariée à un footballeur. Elle fait des pubs de shampoings….voilà, voilà. Je ne dis pas, elle est peut être d’une intelligence rare, d’une culture et d’un raffinement incommensurables. Si ça se trouve, loin des caméras, elle se passionne pour la littérature médiévale ou l’étude de la physique quantique. Malheureusement, elle n’en parle jamais en public. Et cette institutrice révolutionnaire n’a trouvé que ça à donner comme modèle à des gamines de 8 ans. Parce que c’est sur en Angleterre, on ne pouvait pas en trouver d’autres, on manque singulièrement de femmes qui ont réussit.

Alors, tiens, je vais essayer d’en trouver deux autres, pour voir. Sans réfléchir, au hasard. Par exemple, saviez vous que le J devant K Rowling, ça veut dire Joanne. On peut pratiquement dire que c’est un prénom féminin. Et JK Rowling n’a rien réussit , n’est ce pas? Elle a juste écrit Harry Potter. C’est tout. C’est sur, elle ne fait pas de publicité pour des faux ongles, et n’a jamais tenté de présenter des émissions de télé réalité. Pas plus qu’elle n’a été mariée à un footballeur. Et elle ne peut pas du tout inspirer des petites filles de 8 ans qui ont grandit avec Harry Potter. Pensez vous! D’ailleurs, ma fille qui a entrepris d’écrire les aventures d’une fée au comté des champignons (ça s’appelle mushroom county, c’est elle qui l’a trouvé. Je suis très fière d’elle), ça ne lui dirait rien d’en savoir plus sur JK Rowling.

Il y a aussi des femmes qui, au lieu de battre des cils devant les sportifs n’hésitent pas, bêtement à faire du sport elles mêmes. Si si. Et ce n’est pas comme si il y avait eu des JO à Londres récemment, et que toutes les petites filles de 8 ans avaient pu voir à la télé ou en direct les exploits de Jessica Ennis par exemple (championne olympique d’heptathlon et véritable trésor national). Alors bien sur, elle fait de la pub, mais est-elle sotte, ce n’est pas pour du shampoing, mais pour une banque. Ahaha….aucune chance de se retrouver dans la liste de l’instit de ma fille.

Et comme je suis taquine, bien que ne possédant malheureusement pas les mêmes talents pédagogiques que cette admirable instit, j’ai même pensé à d’autres anglaises qui pourraient peut être, éventuellement, sait on jamais, être de meilleures role models pour des petites filles… des mamans, qui sont médecins, profs, avocates, et se lèvent en avance tous les matins pour préparer les lunch boxes, et repasser les uniformes, ou des mamans au foyer. Comme celles qui se dévouent toute l’année dans le PTA pour récolter des fonds pour l’école et les merveilleux projets pédagogiques de cette instit.

D’ailleurs, je vais lui suggérer que la prochaine fois qu’elle a ce genre d’initiative, elle vienne en parler d’abord aux mamans. Juste pour voir.