[JE ME SUIS ARRÊTÉE, JE TOURNE À VIDE]
Je me suis arrêtée, je tourne à vide.
Ciel et oiseau qui traînent.
C’est eux certaines fois qui m’empêchent de dormir.
Où les phrases sont tout à la fois détachées et solidaires
les unes des autres.
Plus aucune visibilité, plus visible à moi-même.
Les statistiques sont là : nous mourrons davantage
lorsque le temps est mauvais.
Avec ce vent de mer j’ai peine à t’entendre.
On n’a pas pris la précaution que tu me montres où
sont les autres morts.
Où est-ce que ça vit ce qu’on écrit ?
Je trouve pas : je cherche quelques mots qui diraient
encore plus grand que ta vie : quoi papa ?
Je pressentais ce lien indicible entre aimer et mourir ;
je l’avais lu.
C’est avec retenue que j’évoque les oiseaux : je ne
voudrais pas me tromper.
Nous n’écrirons jamais (plus loin) que la feuille, que la
vie ; lits où nous aimons, où nous mourrons.
La mémoire incertaine et volatile.
Le ciel transpercé de nuages ; ce moment où ça parle
(de toi) sans toi.
Corinne Le Lepvrier, Pourquoi la vie est si belle ? (avec Néo et un peu d’oiseaux —pour aider—), Éditions LansKine, 2013, pp. 24-25.
CORINNE LE LEPVRIER
Source
■ Voir aussi ▼
→ le site de Corinne Le Lepvrier
→ (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature) une fiche bio-bibliographique sur Corinne Le Lepvrier
→ (sur Terre à ciel) une page sur Corinne Le Lepvrier
→ (sur Recours au poème) plusieurs poèmes de Corinne Le Lepvrier
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