De temps à autre, j’aime aller me balader du côté du Poney Club de ma ville. Les bâtiments bas en bois, les barrières dans le même matériau, le petit ranch urbain près du passage à niveau et de la voie ferrée semble un îlot de nature au milieu du quartier pavillonnaire.
Les week-ends et pendant les vacances scolaires, les gamins y débarquent en tenue la bombe sous le bras et dans les stalles, vides les autres jours, des têtes toute en dents et crinières bien peignées émergent, attendent les visiteurs, l’œil bienveillant des vieux briscards habitués à cette agitation fébrile ponctuelle.
Le manège, sur une butte dominant la route, laisse entrevoir la file de chevaux qui avancent lentement, guidés par de jeunes cavaliers fiers comme Artaban. D’autres patientent dans leur box, tendant le cou à la recherche d’une caresse ou matant les lads qui s’affairent, selle sur l’épaule pour certains, fourche chargée de foin pour d’autres.
Moi, ce qui m’amène par ici, ce sont les odeurs. L’odeur du purin et du crottin, de la paille humide. Même si les lieux sont très propres et bien entretenus, ce parfum d’univers du cheval est obligatoire. Nécessaire même. Peut-on imaginer entrer chez un boulanger sans l’odeur du pain chaud ? Il en est de même ici, des bourrins sans les odeurs qui vont avec, cela n’aurait aucun sens.
Je passe, je respire un bon coup et je me retrouve par la pensée, très loin de là, en pleine campagne ou dans une ferme au cœur de la France profonde. Un billet pour l’évasion qui ne me coûte pas bien cher.