Magazine Journal intime

Tiramisu *

Publié le 24 janvier 2014 par Noalita

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(Détail/ Jak&Jill photo)


Pendant de nombreuses années j'ai suivi une psychanalyse....

J'aimais bien aller voir cette femme une fois par semaine, je cherchais une écoute, une consolation et je pataugais dans mes problèmes existentiels.

Une après-midi, une émission sur Inter, je découvre François Roustang et je lis son livre La fin de la plainte

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"Il est une autre forme de plainte qui semble collée à notre peau de modernes repus et qui serait risible ou méprisable si elle n'était douloureusement ressentie.(...)

On se plaint de tout est des riens, alors que les possibilités du bonheur nous entourent.

Il n'est pas rare de recevoir une personne qui dit être malheureuse et qui répand en plaintes à fendre l'âme de l'interlocuteur le plus froid.

Mais, au fur et à mesure que le discours se développe, il se délite et se réduit bientôt à une poussière qu'il suffit de balayer

"mon mari m'aime et m'entoure d'attentions, mes enfants poussent comme il faut, mon travail m'intéresse. En résumé, je suis malheureuse."

Ou bien c'est un grand gaillard solide pour qui rien ne va. Ce thérapeute qui est persuadé du contraire et qui prétend le voir comme un homme inventif susceptible, sinon aujourd'hui de joie, du moins d'allant et de légèreté, est un sourd incapable. Lorsque detels visiteurs entendent en réponse :"mais vous allez très bien, Madame" ou bien : "Il ne sera pas besoin de longtemps, Monsieur, pour que vous retrouviez le goût de la vie ", l'entretien se termine par un éclat de rire, parce que les yeux se sont ouverts sur l'évidence d'une absence de peine véritable, ou bien commence un long échange pour que la petite fille cesse d'attendre un certain regard attendri de sa mère, ou que le petit garçon ne soit plus attristé de n'avoir pas eu jadis des forces égales à celles de son père.

Serait-il étonnant ou scandaleux de ne pas vouloir s'attarder à ces plaintes et de ne pas se soucier de leur trouver consolation ?

Les consoler ne serait rien d'autre qu'une invitation à les redoubler alors que les dénuder permettra d'en guérir. Car s'il est vrai que ces sortes de plaintes sont liées à une blessure de l'enfance et que le thérapeute ne peut pas ne pas les prendre en compte, il est plus vrai encore qu'elles sont l'effet du refus de grandir ou du regret d'avoir grandi.

C'est à ces derniers qu'il s'agira d'être attentif pour y mettre le fer de la décision en renonçant à l'attente d'un passé autre et en s'oriantant dans le présent vers le futur.

Plus haut, la plainte était le fruit de l'impossibilité de vivre, parce que la blessure était si profonde qu'elle interdisait une nouvelle croissance ; ici, l'obstination à ne pas grandir garde intacte une part de soi infantile"

Une part de moi infantile ? Mais ta gueule quoi !!

" Mais pourquoi cette nostalgie de l'enfance qui recouvre d'un sombre voile la totalité de l'existence ? 

Parce qu'ainsi sans doute, dans cette souffrance entretenue, nous avons l'impression d'exister à notre manière, avec cet étroit secret incommunicable que nous déversons pourtant sans cesse sur ceux qui nous approchent. C'est notre petit capital, notre fonds narcissique qu'il faut prende soin de ne pas dilapider et dont chaque jour la présence est à vérifier comme un avare le fait de sa cassette. La plainte est là pour nous protéger de ce bonheur si proche qui nous emporterait vers les risques de la générosité, de l'invention gratuite ou de l'aventure amicale ou amoureuse."

Et blablabla...

" Il s'agit donc de demeurer insatisfaits et, pour certains que ne se perde pas notre moi chéri, de continuer à nous répandre en reproches et en ressentiments, de demander aux autres ou aux événements qu'ils nous donnent ce que par principe nous ne recevrons pas et, pourquoi pas enfin, d'entretenir une jolie dépression pour que soit entendue une plainte que nous n'avons pas l'intention de faire cesser"

Une plainte que nous n'avons pas l'intention de faire cesser ? 

'tain...

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"Il faut bien commencer par tourner le dos à ses manières habituelles de vivre, de penser, de sentir, ne pas hésiter à obscurcir son regard pour qu'il ne reconnaisse plus ses repères coutumiers, et donc ne pas prendre peur devant l'impression de se perdre.

La plainte se nourrissait de références qui convenaient autrefois et qu'ell s'obstinait à croire encore valables et nécessaires.

Elles devront être abandonnées pour que cesse la plainte."

La plainte.... 

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(détail/The Sartorialist photo)

Au début des années 80
Je me souviens des soirées
Où l'ambiance était chaude
Et les mecs rentraient
Stan Smith au pied
Le regard froid
Ils scrutaient la salle
Le 3/4 en cuir roulé autour du bras.

J'ai fermé le livre, dit adieu à ma psychanalyste adorée juste après l'avoir remercié pour l'écoute et 

me suis (re)mise en mouvement.

"La douleur est toujours moins forte que la plainte" disait La Fontaine

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Tu sais ce que ça veut dire Tiramisu ?

Tire-moi vers le haut

Remonte-moi

Je t'embrasse fort fort

Dream baby dream !


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