Se sentir coupable d’accoucher par césarienne

Publié le 25 janvier 2014 par Madameparle

crédits photos Schwangerschaft

Cette semaine je laisse la place à Sandrine. Elle a accouché de son troisième enfant. les deux premiers étaient sortis en deux temps trois contractions mais la le petit troisième avait besoin de faire autrement! Si vous aussi ca vous titille de partager votre accouchement avec nous envoyez moi un mail à madameparle@yahoo.fr

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Ma 3eme grossesse ne s’est pas exactement passée comme je l’espérais… on a découvert que j’avais contracté le virus CMV à 1 mois et demi de grossesse… et après beaucoup de craintes, on a pu espérer que bébichou aille bien.

Je suis à 3 semaines de ma DPA, j’ai accouché pour mes 2 premiers en avance, 2 et 3 semaines.

Un faux travail un mois avant la DPA, je sais que c’est pour bientôt, col déjà ouvert, depuis 2 semaines mais bébé légèrement haut.

Les contractions ont débuté vers 22h j’attendais mon accouchement avec une telle impatience… pressée de voir mon petit bébichou, de voir qu’il va bien, que mes mois de stress étaient vraiment inutiles.

Régulières toutes les 10 minutes d’abord, de plus en plus intenses, de ces contractions qui nous saisissent, qui nous poussent à ne plus bouger. Je les reconnais de suite, je souffle, j’ai l’impression de les maitriser, je me dis que ces douleurs sont pour que bébichou nous rejoigne.

Les contractions sont de plus en plus rapprochées, je préviens chérichou qui prévient ma belle mère. C’est elle qui viendra garder mes deux ainés.

Cela fait 3 heures que je contracte, elles sont maintenant toutes les 3 minutes, je garde mon calme, je ferme les yeux à chacune d’elle pour mieux les controler. Je les sens venir avant et je peux me préparer.

Au final, on attend pas ma belle-mère, on part, on la croise sur le chemin. Elles sont là toutes les deux minutes.

Le trajet pour la maternité me semble trèèès long pourtant on n’est pas loin. Je l’oblige à s’arrêter au feu vert car les mouvements de la voiture rendent la douleur insupportable.
J’arrive à la maternité, je sais que c’est le bon jour. Je suis à 3. Les contractions s’espacent.

La sage-femme me dit que j’assure, que je maitrise bien les contractions. Je suis contente et un peu fière de moi. On me garde 1 heure, bébé est encore un peu haut.

Au final, je passe en salle d’accouchement 1 heure après.

On me propose la péridurale, moi qui m’étais dit toute ma grossesse que je ne la prendrai pas, je cède à la facilité…

Je me souviens de cette sensation du produit pour désinfecter le dos en pleine contraction, je perds pied un instant, j’ai eu mal avec ce produit, j’ai un peu pleuré.

La péridurale est bien posée, je sens encore mes jambes, ça me calme juste mes contractions. Je suis contente… Le col s’ouvre bien… Mais je tremble, beaucoup… Je fais des baisses de tension, j’ai très soif, on vérifie plusieurs fois ma température.
J’ai eu deux premiers accouchements magnifiques, travail rapide, bébé dehors en trois poussées, j’attends la même chose pour mon dernier.

Le cœur de bébichou s’affole, il monte à 200 et redescend à 170… on me met sur le coté, je tremble toujours, je me sens bizarre. Moi qui ai toujours rompu la poche des eaux toute seule, la sage femme doit me la percer. Le cœur de bébé continue de s’affoler, maintenant, il ne descend pas en dessous de 200…

Je suis à dilatation quasi complète. Il va falloir pousser, maintenant, il doit sortir. Mais bébé est encore haut, on m’appuie sur le ventre, son cœur s’affole depuis trop longtemps.

Le médecin arrive. Il faut passer en césarienne, pour le bébé…

Là je m’effondre, je pleure, j’ai peur, je m’en veux, je n’ai pas réussi à faire naitre mon bébé « normalement », je ne le sentirai pas passer, c’est mon dernier accouchement.
On m’installe au bloc, je pleure toutes les larmes de mon corps. On m’attache les bras, on me remet une dose de péridurale.

Le médecin est adorable, me rassure, m’explique tout ce qu’il se passe, la sage femme est là aussi, elle me soutient. Je sens qu’on m’ouvre le ventre, j’ai l’impression qu’on m’arrache mon bébé de mon ventre, on le tire, il met du temps à sortir. J’apprendrai plus tard qu’ils ont eu beaucoup de mal à le sortir par là aussi. Bébé se présentait par le front. Il souffrait.

On me le montre deux minutes, je lui fais un bisou, il me semble beaucoup plus petit que mes ainés.

On l’emmène, et là on s’occupe de mon ventre, aspiration et tout le tointoin, les pires minutes de toute ma vie.

Bébichou a de la fièvre, on le met en couveuse, chérichou est avec lui. Je m’en veux de ne pas pouvoir l’avoir eu sur moi, de ne pas pouvoir lui offrir ma chaleur, de ne pas le sentir, lui dire que je l’aime.

Le temps est interminable, on me recoud, et on me pose mes agrafes.

Je peux enfin rencontrer Bébichou. Je le revois encore dans sa couveuse en couche, les jambes repliées, tout sage.

Je pleure de nouveau.

Il est né depuis un peu plus d’une heure. La température a baissé. Je peux enfin le prendre sur moi.
Il y est bien, on se rencontre. Le lien se créé, peut être plus fort que s’il était sorti normalement, mais avec cette culpabilité de ne pas avoir réussi mon travail de maman… peut être aussi car c’est mon petit dernier.

Bébichou va bien, il a de jolis bleus sur le visage, il se cognait sur mon bassin…il sera un peu plus suivi que les autres, notamment car il gémit beaucoup. Il fait 2kg800 et 49cm. Moi qui avais l’habitude de bébé de 3kg300… Il me parait tout petit.

Il me regarde, je l’aime…

J’ai eu du mal et j’ai encore du mal à accepter ma césarienne. Je me souviens encore de toutes les sensations alors que j’ai oublié les contractions. J’ai beaucoup pleuré et cette cicatrice sur mon ventre est là pour ne pas que j’oublie.

Mais j’ai compris… Le plus important est maintenant, il va bien, et un lien immense nous lit tous les deux.