Pendant neuf mois, nous baignons dans un tout-inclus douillet. Il n’est donc pas surprenant de se débattre, quand on le quitte à la naissance. La nostalgie de ces eaux douces nous suit jusqu’au jour où l’on y replonge pour trouver ce qui ne peut nous être enlevé.
Ma cliente me consulta parce qu’il était grandement temps d’agir.
Son frère et elle s’étaient entendus concernant un projet et celui-ci semblait ignorer les termes convenus. À force de retarder le moment de s’affirmer, sa relation avec son frère s’était détériorée. Craignant le rejet, elle retenait le geste qui déplaît. L’inaction l’aspirait petit à petit vers le fond…
Bravement, elle me décrivit comment elle se débattait dans la situation. Excuses et justifications agitaient violemment la surface de son désarroi. Colère et rage faisaient tempête dans sa tête!
Ma cliente parvint enfin à reconnaître ce qui la freinait : J’ai peur de déplaire à mon frère. Les yeux dans l’eau, elle ajouta : Au fond, s’il ne sait rien, il n’y peut rien. C’est clair! Elle prit une bonne respiration et déclara : Je fais confiance à notre relation. Ça y est, je me lance!
Cette évidence la libéra d’un poids énorme. On aurait dit qu’elle flottait.
Ma cliente m’écrivit le lendemain. Le soir-même, elle parla à son frère. Tout s’était bien passé. Il s’engagea volontiers à s’acquitter de ses responsabilités. Et ma cliente comprit qu’en clarifiant l’entente prise avec lui, elle put dire adieu à ses attentes. Je la félicitai d’avoir osé prendre le risque d’honorer son senti.