Il est bien difficile d’accepter l’idée que la jeunesse n’est qu’éphémère. Surtout quand la vieillesse commence à gratter à votre porte.
Ces deux ou trois dernières années j’ai appris des choses sur moi que j’aurais préféré ignorer longtemps encore. De l’arthrose aux genoux qui sans être handicapante aujourd’hui me rappelle néanmoins que si la station debout semble une conquête remarquable pour tout jeune humain, la conserver n’en reste pas moins un exploit qui doit être renouvelé en permanence jusqu’à la fin de ses jours. Et ce n’est pas gagné.
Et le mal de dos qui s’invite lui aussi. Plus précisément, ces vertèbres tout au bout de la colonne vertébrale, qu’en d’autres temps si lointains que personne ne pourrait en témoigner, on aurait pu nommer début de queue. Elles se sont bloquées ces derniers jours, rien de bien grave, mais je peine à m’assoir et me relever, je dois faire attention si je veux attraper quelque chose placé trop bas ou bien mettre mes chaussettes.
Là je me sens vraiment vieux. J’en ai la démarche engoncée, le geste ralenti dans la crainte du faux-mouvement assassin. J’ai abandonné provisoirement mon canapé, trop confortable quand on pète la santé, piège immobilisant quand on est dans ma situation. Seule une chaise spartiate me convient.
Pour l’instant rien de bien grave, mais cet avant-goût du futur me laisse une désagréable impression en bouche. Si c’est cela qui m’attend, je ne suis pas pressé d’y arriver. Maintenant, si j’y vais au train actuel, en traînant la patte, je n’y suis pas encore arrivé non plus…