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L'exil des Dragasès

Publié le 28 janvier 2014 par Thebadcamels
L'exil des DragasèsUn an. Oui, mesdames et messieurs, voilà plus d’un an qu’un inquiétant silence régnait au sein de la ménagerie. Les chameaux se regardaient en chien de faïence. Immobiles et impassibles, en hibernation, ils tenaient en joue le temps pour lui soutirer la fortune. Et puis un beau jour ou peut-être une nuit, sans motif ni raison : l’éruption. Les laisses avaient lâché !

Journal d’un âne franc

Comment les Bad Camels ne se sentiraient-ils pas proche de cette bête de trait et d’esprit ? Le roi des nobodes dont l’empire comme Clovis s’étend jusqu’à Soissons, l’avait choisi pour son périple ado d’âne. Entre Paris, Berlin, Paris ou Berlin, Paris, Paris, perdu dans le décalage horaire, Kerdef est juste et incisif. Il frappe dans le mille sans borne. Au passage, il se demande aussi pourquoi le chameau est un animal migrateur, pourquoi les chenils parisiens sont vides. La question mérite d’être posée, telle quelle.

Le faux départ

Nous cherchons tous notre Atlantideoù tout n’est qu’ordre et beauté, luxe calme et volupté. Du Bellay, Baudelaire ou Mallarmé, ils ont su nous la peindre avec génie. On est très loin des vulgaires appels à nous « barrer » lancés du café de Flore pour des raisons d’un utilitarisme grégaire. Franchir les Alpes tel Hannibal Barca pour la promesse d’un utopique bonheur n’est pas raisonnable. Nous nourrissons notre esprit de chimériques foutaises pour ne pas saisir à quel point la verdure hexagonale n’a finalement rien à envier à ses voisines. Non bien sûr... Le principal attrait d’une vie étrangère est son étrangeté. Pour la première fois de nos vies, nous plongeons dans un univers autre que celui qui avait été prédéterminé pour nous. A grande échelle, nous réalisons ainsi un coup de maître, en réinstaurant la surprise comme élément central de nos vies. D'un coup, d’un seul, nous mettons K.O. l’ennui au premier bâillement.

Surprise, nf (sur-pri-z')

« Action par laquelle on prend où l'on est pris à l'improviste » nous rappelle le facétieux Littré. Dans son récit le fier touriste n’oublie jamais de le rappeler : « En [insérer ici le nom d’une destination], ce qui frappe, ce sont [insérer ici banalité, par exemple « la gentillesse des gens », « les couleurs », « l’énergie »] ». Naïf lecteur ! Je te tends un piège et tu y plonges avec délice. Non ! Sache que la vraie surprise n’est pas un pin’s drapeau à la boutonnière, une boule à neige, une carte d’embarquement conservée, un laconique « j’y suis déjà allé ». Elle prend son temps et se fait désirer, pour mieux rentrer en nous, changer notre perception et nos émotions. C’est une nouvelle langue, une nouvelle manière de penser, l’idiosyncrasie dont nous faisons et ferons preuve, le doigt d’honneur au destin tracé.

Voyage-Voyage

Sao Paulo, Sydney, Nairobi, Istanbul ou Bombay à quoi bon ? Si de prime abord il est plus facile d'y trouver cet étonnement céleste, le voyage que nous te proposons s'attache avant tout à parcourir les méandres de ton imagination. Savoir t’émerveiller sans que le temps ne vienne émousser cette qualité. La chair est triste, hélas, et j'ai lu tous les tweets. Notre génération est acariâtre, blasée à 30 ans, plus rien ne l'étonne. Que de courage il faut aujourd'hui pour ne pas se laisser emporter par l'écume des jours.

Juste pour Rire

La surprise ne fait plus recette. Les derniers programmes de caméras cachées sont réservés aux mauvais sketches de compagnies aériennes douteuses. Devant cette démobilisation générale, les Camels ont repris du service pour se surprendre grâce au recul que permet l’écriture sur soi-même. Nos articles seront un coup d'épée dans l'eau, mais la joie inattendue de leur lecture tuera les crocodiles du marigot de nos routines.
ABC, La Couentao et Kerdef ont initié les Cent-Jours. Cet article leur est dédié, puissent-ils ne jamais voir Sainte-Hélène.
« La vérité c'est que de temps en temps, il survient un nouvel écrivain original. Ce nouvel écrivain est généralement assez fatigant à lire et difficile à comprendre parce qu'il unit les choses par des rapports nouveaux. On suit bien jusqu'à la première moitié de la phrase, mais là, on retombe. Et on sent que c'est seulement parce que le nouvel écrivain est plus agile que nous. »
Vous êtes vraiment les plus agiles.

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