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ACTE 1 ; scène 2

Publié le 12 mai 2008 par Sophielucide

Les mêmes, sans Anna

LISA : Vous saviez qu’elle était allée voir papa ?

MÈRE : Non, mais je m’en doutais… Quand je suis rentrée de l’hôpital, elle m’a demandé comment il allait et elle est sortie quelque temps après.

LISA : Pourquoi tu ne m’en as rien dit ?

MÈRE : Que voulais-tu que je te dise ? Elle a bien le droit d’aller voir son père quand même…

LISA : Oui, mais pas seule… Évidemment, vous n’étiez pas là quand on a rendu visite à papa hier. Vous n’avez pas vu Anna : j’ai cru qu’elle allait tomber dans les pommes. Et quand on a croisé cet abruti de médecin…

MÈRE : Tu ne m’avais pas dit que tu avais croisé le docteur…

LISA : Non. Je ne voulais pas revivre ni te faire vivre ce qu’on avait vécu : comment Anna l’a chopé à la gorge, comment j’ai dû les séparer et la calmer pendant une heure avant qu’on aille dans la chambre de papa…

MÈRE : Mais, que s’est-il passé ? Raconte, Lisa, qu’y a-t-il eu ?

Lisa pleure, essuie ses larmes rageusement et parle en pleurant :

LISA : Tu veux vraiment savoir ? Très bien… Quand on est allé à l’hosto, ce matin, on a croisé le docteur dans le couloir. Tu sais, le jeune, celui que tu trouves sympa… Devine ce qu’il a trouvé à nous dire, cet enfoiré…

MÈRE : Lisa !

LISA : Quoi, Lisa ? Il a dit exactement ces mots, je me les rappellerai toute ma vie… Il a dit : « Ah, bonjour ! Et bien, vous avez de la chance ; il a failli nous claquer dans les mains, il n’y a pas cinq minutes. » Voilà ce qu’il a dit cet enculé. J’étais tellement abasourdie que j’ai même pas remarqué qu’Anna l’avait déjà agrippé par la blouse. Elle était livide : « Répète, répète ce que tu viens de dire ! » Elle avait une force incroyable… J’ai eu du mal à lui faire lâcher prise et l’autre con : « C’est bon, tout va bien maintenant, ne vous inquiétez pas, j’ai pris les choses en main, tout va bien… » Il a dit ça tout en reculant et il est parti aussi sec…

VINCENT : Je vais lui casser la gueule à cet abruti!

MÈRE : Arrêtez ! Qu’est ce que vous voulez ? que je rejoigne votre père dans la tombe ? c’est ça que vous voulez ? Mes enfants, je vous en prie… Vous savez tous à quel point votre père était malade, comme il souffrait. Cette mort, c’est un soulagement : il est en paix à présent. Calmez-vous… Fred, va voir ce que fait Anna, s’il te plait. Si vous voulez, on parlera de papa, mais pas ainsi : ça ne lui aurait pas plu.

Elle pleure doucement, cherche un mouchoir dans la poche de son gilet et se mouche en silence. Fred et Anna reviennent, les bras chargés d’un plateau qu’ils posent sur la table. Fred ouvre la bouteille de vin, Anna sert une tasse de café qu’elle tend à Vincent.


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