Je déteste les départs. Les miens et ceux des gens que j'aime. Je crois que je n'aurai de cesse de le répéter. Quand quelqu'un part, ou lorsque l'on s'arrache soi-même à un lieu, à une vie, cela provoque un chagrin un peu particulier. Quelques larmes, parfois, un silence un peu différent, souvent.
Je l'ai déjà écrit ici même, lorsque mon fils Marcel est parti pour la première fois en Australie. Le silence, dans la maison, me semblait avoir changé de qualité. Un silence plus silencieux, c'est un peu comme un Paris un peu plus gris. C'est une subtile question de nuance et toute une différence. Cette fois-ci, je ne peux pas dire que la maison résonne d'une autre façon, puisqu'il n'est pas resté avec moi, mais est allé habiter deux rues plus loin. Je ne le voyais donc que de temps à autre.
C'était bien, cela dit, car les occasions étaient particulières et lui comme moi étions à ce moment-là pleinement l'un avec l'autre. Je suis notamment allée dîner chez lui un soir, j'ai pu le voir exercer son art - puisqu'il est désormais étudiant dans une école de cuisine - et déguster des plats simples mais fort bien préparés, ce qui prouve qu'il fait quelque chose qui lui plait car il le fait bien. Je l'ai vu et revu, évidemment, et nous avons partagé du temps. Mais il lui fallait aussi voir ses amis, ses vieux copains, son ex... Bref, il était là sans être là. Mais depuis ce matin, il est reparti et je sens bien qu'il n'est plus là.
C'est pourquoi Paris me semble beaucoup plus loin de l'Australie aujourd'hui qu'hier. J'ai retrouvé cette petite boule à l'estomac qui se forme lorsque je n'ai pas de nouvelles pendant plusieurs semaines. Je sais que tout va bien, mais...
Aujourd'hui, il pleut et il fait froid. Paris et triste, un peu comme moi. L'avion fait route vers Kuala Lumpur avec mon fils chéri à son bord. Il y fera escale dans quelques heures, puis repartira vers Perth. Sa nouvelle maison. Si loin...