Je viens d’achever ce roman trouvé dans une librairie de Nouvelle-Calédonie lors de mon dernier passage sur le Territoire, mais l’éditeur en est bien parisien. Un roman pour la jeunesse.
Yves Pinguilly possède un style agréable, malgré l’emploi du passé simple qui rend le texte un peu ampoulé. Beaucoup de poésie, notamment quand il évoque avec retenue (ça devient rare !) les amours de ses deux héros. Certainement a-t-il fourni un considérable travail documentaire géographique, historique, et de vocabulaire maritime, en vue de la rédaction de ce texte de 200 pages sur le voyage imaginaire d’un artiste-peintre métis et de sa compagne blanche, Communards passés entre les mailles des filets de la répression, en direction de la Nouvelle-Calédonie pour en faire évader un ancien compagnon condamné à la déportation.
Pourtant, j'ai relevé plusieurs invraisemblances dans la partie du roman qui se déroule en Nouvelle-Calédonie, notamment concernant la navigation dans le lagon. J'en conclus que le reste du récit en comporte sans doute tout autant... mais je ne suis pas apte à les déceler !
Je dispose à domicile d’un certain nombre de modèles d’adolescents des deux sexes et d’âges variés, tous bons lecteurs. Aucun ne croirait à cette histoire. Alors pourquoi « pour la jeunesse » ? Est-ce le « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » des bons ? Son pendant indispensable, le portrait très noir des méchants, n’est pourtant qu’à peine ébauché. Nos adolescents méritent mieux que la légende de l'amour éternel, béat, pur et lisse qu'Yves Pinguilly sert en long, en large et en travers à ses lecteurs.
Enfin, le texte est émaillé de coquilles dont la plupart seraient relevées par l’outil de correction dont sont désormais dotés tous les logiciels de traitement de texte. Si les éditions Oskar éditent à compte d’auteur déguisé – ce que je n’ai pu vérifier - alors Yves Pinguilly est pardonnable. Dans le cas contraire, leur marge de progression est importante...
En résumé : dommage !
PS : il faudra que je me fasse expliquer par un psy la fascination qu'exercent les mangues sur les individus qui n’ont jamais vécu sous les tropiques...