Hermann Hesse | Ode an Hölderlin

Publié le 06 février 2014 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour


Image, G.AdC

ODE AN HÖLDERLIN


Freund meiner Jugend, zu dir kehr ich voll Dankbarkeit
Manchen Abend zurück, wenn im Fliedergebüsch
Des entschlummerten Gartens
Nur der rauschende Brunnen noch tönt.


Keiner kennt dich, o Freund; weit hat die neuere Zeit
Sich von Griechenlands stillen Zaubern entfernt,
Ohne Gebet und entgöttert
Wandelt nüchtern das Volk im Staub.


Aber der heimlichen Schar innig Versunkener,
Denen der Gott die Seele mit Sehnsucht schlug,
Ihr erklingen die Lieder
Deiner göttlichen Harfe noch heut.


Sehnlich wenden wir uns, vom Tag Ermüdete,
Der ambrosischen Nacht deiner Gesänge zu,
Deren wehender Fittich
Uns beschattet mit goldenem Traum.


Ach, und glühender brennt, wenn dein Lied uns entzückt,
Schmerzlich brennt nach der Vorzeit seligem Land,
Nach den Tempeln der Griechen
Unser ewiges Heimweh auf.


(1911)



ODE À HÖLDERLIN


Vers toi, ami de ma jeunesse, je viens souvent le soir,
Empli de reconnaissance
Quand, dans les lilas du jardin assoupi,
Tinte, seul maintenant, le murmure de la fontaine.


Personne ne te connaît, mon ami ; notre temps
S’est éloigné du sortilège paisible de la Grèce,
Notre temps est sans ferveur et sans dieux,
Un peuple prosaïque erre dans la poussière.


Mais Dieu a frappé d’une grande ardeur
La troupe secrète de ceux dont l’âme se languit
Et aujourd’hui encore
Ta harpe chante pour elle.


Nous sommes fatigués du jour et pleins de nostalgie,
Nous nous tournons vers la nuit qu’emplit
L’ambroisie de tes chants,
Leurs ailes qui planent nous ombragent de rêves d’or.


Hélas ! le mal du pays nous brûle plus encore quand ton lied
Nous émerveille et nous élève, et plus douloureux encore
Il nous enflamme vers le pays bienheureux de l’antique histoire,
Vers les temples de la Grèce, notre mal du pays douloureux, éternel.


Hermann Hesse, « Ode à Hölderlin », Revue Europe n° 851, mars 2000, page 112. Poème traduit de l’allemand par Pierre Garnier.





HERMANN HESSE

Source

■ Hermann Hesse
sur Terres de femmes

→ 14 novembre 1946 | Herman Hesse, Prix Nobel de Littérature

■ Friedrich Hölderlin
sur Terres de femmes

→ L’Aigle
→ La bonne croyance
→ Diotima
→ Tinian




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