Dimanche, 20h02, banlieue.
Il doit faire -7 pas moins, mais avec la fatigue accumulée et le fait que je sois passé plusieurs heures dans les arénas ce week-end -là, mon corps ressent -24. Mais vous le savez déjà, j'aime le froid.
Et cette petite neige qui tombe avec un romantisme floconné me rend tout chose. Je plane. Avec pour seule musique le son, si Québécois, d'un bâton de hockey frappant une rondelle, suivi du bruit de cette rondelle frappant une bande. Quelques coups de patins aussi.
Sur une patinoire extérieure, deux jeunes hommes, s'amusant en lançant dans deux filets. Je les envie. J'aurais dû apporter mes patins au lieu de m'apporter un livre. Mais comme je ne suis pas un grand jaloux, je passe vite à autre chose et croise une mère que je connaissais d'une saison précédente et dont le fils jouera au même aréna après le mien.
"Hey! ton fils joue tu après?" je demande au père.
"Oui, oui, Midget A"
"Cybole! i' jouent ben tard, ça va être mon gars l'an prochain ouch!..."
Elle me fait une face d'incompréhension. C'est vrai, il n'est que 20h02...mais les dimanches, à partir de 16h00, je vous dirais que je suis généralement fermé. Je ne répond plus au téléphone, je mets la visite dehors, je suis à ma famille et vice-versa. Et là, avec fiston qui a joué/pratiqué 13 fois dans les 9 derniers jours (oui, vous avez bien lu...) dans deux équipes, papa qui suivait tout ça après des nuits à travailler dans les entrepôts...
Claqués nous étions tous les deux.
Mais en un coup d'oeil sur une banlieue cheap du 450, je retombais amoureux.
Pas d'une femme, d'un décor. Le décor hivernal.
Quand la cape d'argent devient bleutée à la nuit tombée.
Quand les flocons tombent comme les plus riches cils sur les plus scintillants yeux des plus jolies filles.
Quand la nature enfile son costume pâle et sa robe fraîche.
Quand le vent embrasse mes joues et caresse mes oreilles.
Quand la musique est une puck lancée sur une bande suivi d'un coup de patin.
Je plane.
Je jouis.
Je me sens comme vous vous sentez quand vous arrivez sur une plage.
Dé
ten
du.
C'est presqu'une larme qui me monte dans l'oeil, quand je sens l'hiver m'embrasser ainsi.
Un amour d'enfant.
Un amour d'ado.
Un amour d'adulte.
Un amour nordique.
Certains me diront masochiste et m'inviteront à venir aimer l'hiver dans leur entrée, une pelle à la main.
Aucun problème.
Laissez-moi votre adresse dans les commentaires et j'irai pelleter votre entrée sourire au visage.
Et vous viendrai torcher ma piscine cet été en échange.
Pendant que je rêve aux prochains hivers.
Dimanche, 20h02, Banlieue.
J'ai eu un frisson.
Et ça avait peu à voir avec le froid.