Les oublié(e)s de la Saint Valentin

Publié le 14 février 2014 par Pimprenelle2

Nous, on se fiche pas mal de ne pas fêter la Saint Valentin, on se fiche de ne pas avoir de Valentin qui  traverse le quartier ou la ville une rose rouge et convenue à la main brandi comme un drapeau blanc pour la paix de son ménage, bravant penaud les regards goguenards et railleurs des passants solitaires et heureux de l’être.

Sa Valentine, ce n’est pas nous, sa Valentine c’est toujours les mêmes, sa Valentine attend son dû, son maigre bouquet, son repas  chez Frédo, le troquet qui accepte les tickets restau. Elle l’attend apprêtée pomponnée, le mollet épilé de frais, le carré flouté avec soin et interdiction de toucher, à ce prix y faut qu’ça lui dure, attention tu vas m’décoiffer. La Valentine à Valentin elle est la pièce unique de son musée personnel, il l’aime. Enfin peut-être.

Mais cela n’est pas notre histoire, enfin pas la mienne, elle est celle des marmites qui ont trouvé leur couvercle, et sont, le soir, sagement rangées entre passoires et écumoires.

Nous, les célib’ nous avons tout notre temps et plus encore pour tenter de comprendre de percer le mystère du succès de la fulgurance, et de la longévité de ce sentiment si étrange, l’attraction, la captation des cœurs et de leurs propriétaires, le secret de celles que nous raillons et envions … enfin pas toujours, enfin bon admettons,

Alors nous avons écumé les rayonnages sciences humaines (sciences/humanité quel bel oxymore !), des bibliothèques, lu tout ce qui se rapporte au couple à l’amour, tout et toujours rien compris, tout mais jamais rien de satisfaisant et avons admis qu’il n’y avait rien à comprendre

Parce que nous, on s’en fiche de la rose, on trouve cela mesquin la rose, nous, on lui préfère la discrétion du petit bouquet de violettes que nul ne nous a jamais offert. Nous ce qu’on veut c’est la chaleur des bras de l’homme que l’on aime d’un homme amoureux, de nous bien évidemment (mais par les temps qui courent et ne se rattrapent pas il est toujours plus prudent de préciser. Sait-on jamais, imaginez le génie d’Aladin en RTT passe à notre portée nous prend en pitié, exauce notre vœux en diagonale, et nous voilà macquées avec Frédo le poto aux tickets restau, fermement décidé à nous marier et nous faire beaucoup de lardons aux petits oignons)

Nous on veut un homme qui nous prenne la main, la main d’un homme qui ne se lâche pas, et la serrer fermement et essuyer des tempêtes de celles qui font mal, qui ne font même pas peur. Nous on veut un homme qui chaque jour nous fait naître femme, un homme dont on parle en secret, les yeux clos, en murmurant mon homme

Nous, on veut bien on veut tout, mais nous on n’est pas prête à tout pas à n’importe pas à n’importe quel prix. Alors on apprend la sagesse, à se contenter de miettes de tendresse, des marques d’affections glanées de ci de là. Nous sommes les vierges folles aux corps sages, corps qui déjà ont oublié qu’ils furent un jour embrassés, embrasés dans des étreintes que l’on se plaisait à croire amoureuses.

Alors pour la Saint Valentin on bouffe sa couette faute de manger le traversin

Et puis tient on se souvient que l’on n’a jamais aimé, jamais fêté la Saint Valentin, que c’est naze niais plouc et toc la Saint Valentin


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