Magazine Journal intime

Ship of FoolsAcross the River

Publié le 20 février 2014 par Eric Mccomber
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J'ai beaucoup à raconter sur ce morceau. Primo, j'ai écrit la mélodie du refrain sur la guitare pourrie de ma pote Valérie sur Messier en 2003. J'ai cherché tout ce temps à la mettre en mot. Au printemps dernier, j'étais à Pau chez des amis et je me suis retrouvé en cyber-contact avec une nana qui m'inspire énormément du nom de Tal Wilkenfeld. À un moment, elle a demandé à son entourage de lui proposer des morceaux pour le disque qu'elle s'apprêtait à enregistrer. Et dans sa lumière, dans la pluie orangée de son apparente facilité d'épanouissement, j'ai accouché très rapidement d'un brouillon de texte.
De retour chez moi, j'ai laissé les sons venir à moi sans les retenir et je me suis retrouvé avec un morceau hyper touffu sur les bras, mais bon… je ne savais pas encore dans quoi je m'embarquais. Il y a eu chute de météorite dans mon jardin et mon été est parti en étincelles délirantes. Bien vite, la moitié de mon studio était en transit à Paris chez celle que je croyais ma fiancée-pour-de-bon, ma forever woman. C'est là que j'ai enregistré les premiers brouillons d'Across the River, dont bien évidemment l'accroche et le titre sont liés à un de mes romans préférés d'Ernest Hemingway. C'est ensuite l'émulation qui m'émeut entre ces deux géants qui m'a donné envie d'inviter James Joyce à lire un de ses plus beaux textes dans l'intro.
Retour à Sauve en catastrophe/catharsis. Ce morceau, une des seules créations optimistes qui soit sortie de ma plume dans toute mon existence, s'est presque retrouvé aux poubelles. Mais c'est en le jammant avec mon partenaire Christophe Micou que j'ai découvert qu'en le ralentissant un peu et, surtout, en faisant de la place aux idées fraîches et lumineuses de Christophe, cette pièce pouvait être menée à bon port. Par contre, avec ses 7 minutes, avec ses neuf parties bien distinctes et ses six changements de clé, la petite chanson née sur l'herbe de l'Aquitaine a fini par représenter tout un défi logistique et sans l'aide irremplaçable d'Henri Di Cristo, je n'aurais jamais pu mener le projet jusqu'à vos oreilles. En plus, pour une fois, il y a une autre voix que la mienne qui chante ! En effet, mon amie Stéphanie Boël, qui partageait les couplets avec JF Thibaud et moi dans Choisis Ton Côté, est venue la semaine dernière me poser des chœurs un peu partout, ce qui a encore ajouté un peu de soleil à ce morceau plutôt joyeux, et de drame à quelques autres, il faut bien l'admettre. À suivre ! Voilà donc la petite histoire.
Comme toutes les chansons de notre disque (un titre, un titre ?) parlent de souffrance, de rupture, de destins crochus, de désastres et de descentes aux enfers, j'ai un peu tenu à ce qu'à mi-parcours, on se coltine l'échafaudage compliqué de celui-ci. Voilà. Écoutez-ça, tabarnak. Nous avons tous saigné dans les sillons.

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