[SOIS TRANQUILLE, CELA VIENDRA !]
Sois tranquille, cela viendra ! Tu te rapproches,
tu brûles ! Car le mot qui sera à la fin
du poème, plus que le premier sera proche
de ta mort, qui ne s’arrête pas en chemin.
Ne crois pas qu’elle aille s’endormir sous des branches
ou reprendre souffle pendant que tu écris.
Même quand tu bois à la bouche qui étanche
la pire soif, la douce bouche avec ses cris
doux, même quand tu serres avec force le nœud
de vos quatre bras pour être bien immobiles
dans la brûlante obscurité de vos cheveux,
elle vient, Dieu sait par quels détours, vers vous deux,
de très loin ou déjà tout près, mais sois tranquille,
elle vient : d’un à l’autre mot tu es plus vieux.
Philippe Jaccottet, L’Effraie et autres poésies, in Œuvres, Bibliothèque de la Pléiade, Éditions Gallimard, 2014, page 6. Édition établie par José-Flore Tappy, avec Hervé Ferrage, Doris Jakubec et Jean-Marc Sourdillon. Préface de Fabio Pusterla.
■ Philippe Jaccottet
sur Terres de femmes ▼
→ Le Grand Prix Schiller 2010 remis à Philippe Jaccottet
→ Accepter ne se peut
→ [Encore des fleurs | Flowers again ?]
→ Tout à la fin de la nuit
→ Toute fleur qui s'ouvre
→ Mai 1977 | Philippe Jaccottet, La Semaison
→ Septembre 1981 | Philippe Jaccottet, La Seconde Semaison
→ 26 juin | Philippe Jaccottet, L’Ignorant
→ 20 avril 2001 | Philippe Jaccottet, Truinas
■ Voir | écouter aussi ▼
→ (sur le site de la Radio Télévision suisse) un entretien avec Philippe Jaccottet (émission En personne du 21 avril 1975)
Retour au répertoire du numéro de février 2014
Retour à l’ index des auteurs