Parlons à Paul Verlaine

Publié le 24 février 2014 par Zebralefanzine @zebralefanzine

Ah ! Comme c'est triste la pluie et le beau temps !

Il n'est pas permis d'être autant sous l'influence

Des caprices du ciel et toujours mécontent

De sacrifier les lieux à sa désespérance

Lille fume et crie ah ! Mon poème est rance

Mon cher Verlaine oui vois le monde qui attend

Sa fin son apothéose depuis longtemps

Dans le ventre hideux qu'est le Nord de la France

L'amour s'est barré on dit qu'il est en carence

Ici depuis ta mort ou avant tant et tant

Qu'il exhale partout d'affreuses pestilences

Sur les parfums perdus des jeunes de vingt ans

Elle est bien connue hein cette immonde flagrance

Deux siècles nous séparent palpitant

N'est-ce pas cher poète ? La troisième avance

A grand pas forte comme un léviathan

D'en haut tu cèdes chroniquement à Saturne

En m'allouant tes vers fraîchement infusés

Pour me faire croire encore à la blanche cothurne

Grecque mais mon époque est faite de fusées

Dont la gueule défie aussi le triste ciel

Qui a été le tien Lors de nos habitudes

Ne faut-il pas s'accommoder du monde absurde

Et s'offrir tous les paradis artificiels ?

Poème de Bertrand Demagny, illustration d'Aurélie Dekeyser