Mon cher Victor,
Je vais en Angleterre cet été. C'est décidé. Elle coule dans mes veines et me manque, encore, toujours. Malgré la vie
qui passe, malgré la vie qui change, une petite partie de moi est toujours là-bas. Quand on aime... Quand on aime... C'est comme ça ! Merci, mon
Victor, pour cette réflexion hautement philosophique. Tout à l'heure, j'ai regardé les prix pour le ferry avec voiture. J'aurais pu m'étouffer avec une pastille Valda, si seulement j'en avais eu
une dans la bouche... Ta spiritualité grandit de jour en jour ! Bref. Tout ça pour dire que les prix sont exhorbitants, mais je ne compte pas m'arrêter
à ça. Inutile de préciser que je mise sur mes vacances (de rêêêve) pour trouver L'ANGLAIS qui saura me faire oublier mon Français, me faire oublier qu'il y a de cela un peu plus d'un
an, il prenait une carte d'Angleterre, sa moto et le ferry pour venir me rejoindre en pleine nuit dans ma chambre d'étudiante
exilée. La vie prend parfois une tournure si inattendue... On croit voir en certains évènements des preuves d'un amour
indéfectible et éternel que déjà tout s'est évanoui... Allons, allons, ma Mirabelle, ne nous laissons pas aller à la nostalgie ! Oui, tu as
raison.
Je reviendrai à Northampton. Retrouverai Claire, son rire cristallin, et son électricité. Elle me manque. L'insouciance de cette époque me manque. Je sais, de toute façon, que cette "beautiful
life" ne sera, une fois de plus, qu'une parenthèse, mais je veux la vivre pleinement, sans culpabilité. Me dire que je suis encore jeune, et potablement séduisante. Qu'il existe forcément mieux
que lui sur Terre, en France qui plus est, par chez moi encore mieux. L'Angleterre, c'est la provocation. C'est la fête tous les soirs. C'est la superficialité des English Girls, à qui, Dieu sait pourquoi, je voue une tendresse particulière. L'Angleterre, ce sont toutes les filles que j'aurais aimé être, celles qui ne craignent pas de dévoiler leurs formes et qui se soucient
bien peu du regard des autres. L'Angleterre, ce sont celles qui s'assument, alors que je ne m'assume pas. Oui, plus j'y pense, et plus je me dis que je reviendrai à Northampton. Car désormais, je
n'ai plus de (faux) projets à deux. Adieu les vacances à Nantes et les journées à Ikéa, pourtant une des plus belles journées de ma courte vie (jusqu'à aujourd'hui, bien sûr). Je dois penser à
moi. A moi et rien qu'à moi. Northampton's calling me.