Mathieu Bénézet | Trois mouvements

Publié le 05 mars 2014 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour

TROIS MOUVEMENTS

quand la tête tombe dans le
corps, le corps de Douleur,
la pensée s’éteint, ampoule
décanillée dans l’impasse où
tu vivais, où tu te pensais vi-
vant, quand la tête tombe
dans la douleur du corps, les
mots vides se répètent dans l’
heure vide, le murmure est une
herbe piétinée, le phénomène
est sans mémoire, il n’a pas
eu lieu

[le bris de la biscotte…]

il est des lieux perdus où rien
ne peut être décidé dans le
pressentiment du navire, qui
n’existent pas, ni pressentiment
ni navire, où tu ne peux pas te
tenir, alors tu écris ce qui n’est
pas, n’a pas été, ne sera pas :
tu ne peux dire autrement si
ce n’est te demander ce que tu
as bien pu noter, non dans
l’accueil d’une « survie »          Danielle Collobert
tu n’y
consens pas ; et pourtant les anges
de Nerval te font escorte ; nul ne les
aperçoit, pas même toi

Seigneur — soleil sur l’or
vieilli des bâtiments —
main froide sur le papier
mes doigts errent sur la pierre
nul humain où reposer
ma peine, Seigneur
l’embouchure de l’Euphrate
est tarie et provoque l’oubli
(de nous)

Mathieu Bénézet, 2. « Le bris de la biscotte… », Premier crayon, Éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 2014, pp. 66-67.




MATHIEU BÉNÉZET

Ph. © Hervé B. (France),
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Source


■ Mathieu Bénézet
sur Terres de femmes

[Nous sommes de lumière si étrangers vides]
→ Une phrase maison (composés instables) [poème extrait de La Chemise de Pétrarque]

■ Voir aussi ▼

→ (sur remue.net) L’Œuvre poétique de Mathieu Bénézet




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