Magazine Journal intime

Sur le chemin de l'école ...

Publié le 09 mars 2014 par Mpbernet

chemin d'école-001

C’était le premier jour de ce temps radieux. J’avais une obligation très sympathique tout près des lieux où j’ai vécu ma jeunesse, jusqu’à mon mariage. Il y avait très longtemps que je n’avais pas eu l’occasion d’y remettre les pieds. J’ai donc décidé de refaire le chemin qui menait à mon école, c’est-à-dire depuis le 68 boulevard Soult jusqu’à la rue Marsoulan …

Petite marche pleine de surprises et d’émotions.

Sortie du métro à la station Porte de Vincennes. De mon temps, le grand hall « flottait » déjà dans des vêtements trop grands, dans la pénombre. C’était en effet, à l’origine, le terminus de la première ligne de métro, inaugurée à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900. Plus tard, la ligne avait été prolongée jusqu’au Château … et donc les doubles quais ne servaient plus à rien. Surprise pour moi en sortant à l’air libre : la station est désormais en correspondance directe avec le terminus du tram qui va jusqu’au point du Garigliano. Paysage totalement bouleversé, on dirait Montpellier ou Bordeaux.

Mais ce qui frappe le plus, le long du boulevard Soult, c’est le silence. La largeur de la voie, quasiment déserte, traversée par une bande de gazon bien vert, et les navettes grises qui, silencieusement, glissent sur leurs rails … Tous les commerces ont changé de mains. Sauf, côté impair de l'avenue Courteline, une boutique que je connaissais sous l'enseigne "La crédence" où l'on vendait des cadeaux et des objets de décoration et qui est restée fidèle à sa vocation de porcelaine ...

Quand j’étais petite, nous habitions au 7ème étage d'un de ces immeubles en briques construits dans les années 30, sur le boulevard et je me souviens que nous ne pouvions pratiquement pas ouvrir les fenêtres, à cause du bruit de la circulation. C’est maintenant comme un jardin, les contre-allées concédées aux voitures ayant considérablement restreint le trafic. La largeur de la voie me fait penser aux avenues moscovites … d’avant la chute du mur de Berlin.

Me voilà donc partie le long de l’avenue de Saint-Mandé, qui est un peu encaissée, avec deux contre-allées en hauteur, bordée d’immeubles 1930, ou beaucoup plus anciens. On devait être à la campagne avant le Second Empire. Peu d’immeubles haussmanniens. Le carrefour avec l’avenue Arnold Netter, la rue du Rendez-vous (il y avait un rendez-vous de chasse au temps de Louis XIV), toujours aussi commerçante : banques, légumes, fruits, boucherie, traiteur italien, poissonnerie …

Je passe devant l’église de l’Immaculée conception : baptême, communion solennelle, mariage … que de souvenirs ! C’est une des églises typiques de ces nouveaux arrondissements rattachés à la ville de Paris à la fin du XIXème siècle, en style néo roman. Un office commence à midi carillonnant : c’est le Mercredi des Cendres. Je ne reste pas. En sortant, j’admire la façade éblouissante de mon école communale. Je remarque alors un bien étrange décor …

Au coin de la rue du Rendez-vous et de la rue Marsoulan, la boutique d’angle est le Commissariat de Police Bel-Air. Il a été doté de vitres à l’épreuve des balles. Une vingtaine de baies étroites encastrées dans des menuiseries métalliques. Et chacune a été « poinçonnée » bien au milieu, non pas par des rafales de balles, mais sans doute plus systématiquement à la pioche ou à la batte de base-ball. Des impacts en étoile, environ une centaine. On a laissé les vitrages blessés en place, un film plastique transparent maintient les éclats de la couche superficielle … C’est angoissant et étrange. L’attaque nocturne se serait produite à l’automne 2012, mais il n’y a pas de dispositif de surveillance pour cette antenne de police fermée la nuit … Ce n’est pourtant pas un quartier chaud, par ici … Je reste avec mes interrogations ;

Fin de ma balade par la place de la Nation, immense no-men’s – land venteux et inhospitalier. Un petit salut aux colonnes du Trône et aux pavillons d’octroi de Ledoux, où je venais faire la Foire autrefois ….Mais le Cours de Vincennes constituait pour moi une frontière infranchissable …


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog

Magazine