Un réveil matinal, des croissanst chauds, du miel, le soleil de printemps à travers les vitres, derrière le voile des rideaux, la journée commence.
Douche, maquillage, crèmes délicates, toutes les marques sont en compétition sur son étagère, autour du duble lavabo, richesses éphémères et concentrés anti-âge, elle choisit son image, s'observe avec attention, du bout des doigts, d'un regard marqué de deux traits d'eye-liner, tout en brossant ses cheveux longs, nouvellement roux. Son image se reflète en elle, miroite de la comparaison avec les magazines, les pages people, ses amies d'hier soir, des prochains jours. Paraître avec ses souliers de satin d'Isabel M., avec son sac turquoise de Liu J. ou le Gucci rouge, elle est déjà en représentation, sans chercher les photographes, juste les miroirs des boutiques où elle passera sa journée.
Libre, jeune, elle donne son corps à cet homme, comme un parfait bijou pour lui tenir la main lors de leurs sorties mondaines, lors des expositions. L'art l'intéresse mais la mode la passionne. Fashion week et catalogues, les tendances font battre son coeur, par envie, par défi, par amour peut-être. Les sentiments sont l'irrésistible envie de posséder, le futile et l'inutie, l'utile à son statut de femme. Chaussures, talons hauts actuellement, ballerines demain, en évitant les mochetés parfois, en se glissant pourtant dans des chaussettes perchées sur escarpins, tous les accessoires ont un sens. Même si elle ne le comprends pas toujours. Sacs à main, gants, bijoux encore, colliers, bracelets, chapeaux dernièrement pour le soleil, pour la pluie, ou juste pour suivre la mode. Tout se démode d'ailleurs, elle change, elle échange même parfois, car en achetant en plusieurs couleurs, elle a tout.
Aujourd'hui cette robe bleue, un imprimé de soie Léonard, un peu courte, sans collants, pourtant il fait froid, mais les codes actuels préfèrent les jambes nues, bronzées, épilées, satinées. Elle se regarde encore dans l'un des miroirs, comme si les yeux de cet homme étaient là, lui est à Londres pour la journée. Elle peut sortir, après avoir choisi son sac du jour, grand ou petit.
Quelques pas, sur la console de l'entrée, des dizaines de parfums, lequel pour sortir, elle hésite. Saura-t-elle trouver son identité dans ces marques ? Et si elle allait en chercher un nouveau, pousser la porte d'adresses confidentielles, être cajoler et conseiller, devenir cliente encore ?
Le soleil brille.
Nylonement