Sur l’île des Impressionnistes à Chatou les baraques en planches ont poussé comme champignons après l’averse. Deux fois l’an, le même phénomène se répète, en mars comme aujourd’hui puis en septembre, « La Foire à la ferraille et aux jambons » ouvre ses portes.
Bien que fidèles visiteurs, ma douce et moi, nous avions manqué quelques récents épisodes pour diverses raisons. Cette année, avec ce soleil boostant les envies de sorties, nous n’avons pas hésité longtemps pour nous rendre sur les lieux. Brocanteurs et antiquaires ont déballé leurs ferrailles, peintures et linges anciens. Chacun y trouvera matière à chiner, ou plus simplement à réveiller ses souvenirs devant de vieux livres d’enfants, une table en formica comme celle qui trônait dans la cuisine familial autrefois ou devant une horloge à balancier, la même que celle de mes grands-parents.
Des vieux trucs côtoient des machins plus vieux encore, d’antiques nanars se mêlent à de vieilles choses, porcelaine, cuivre, bois et autres matières nobles sont talonnées par des plastiques colorés et des skaïs qui furent modernes à une époque. On fouine, on déniche, on tripote, on soupèse, on tâte, on sourit, on s’étonne, on s’interroge. On ne sait plus où donner de la tête et des yeux, à déambuler dans les allées sous le soleil, on commence à fatiguer, la soif et la faim se rappellent à nous.
Et c’est bien normal, car des odeurs plus qu’alléchantes nous titillent les narines depuis un bon moment déjà, les papilles salivent, là-bas dans la fameuse allée, on s’active derrière les fourneaux. Odeurs de grillades – c’est la fête au cochon - et de pralines se mêlent. Les brocanteurs ont sorti leurs boutanches et le saucisson pour l’apéro, ça discute mais au hasard de conversations volées je comprends que chez eux aussi l’heure est à la nostalgie, certains regrettent l’époque des copieux casse-croûtes entre stands et le gueuleton à la fin de la manifestation. Aujourd’hui, ils la jouent modeste, un verre ou deux de blanc, trois ronds de saucisse sèche et basta !
Chacun ses malheurs. Nous filons sans tarder vers les fumets affolants, les premiers arrivés trouveront les meilleures places assises. Les spécialités du terroir s’alignent de par et d’autre d’une allée unique, mais quelle allée mes aïeux. Il y en a pour tous les goûts, des huitres, des jambons fumés, des sandwichs de charcuteries et fromages, des andouillettes, des gâteaux bretons, des crêpes etc. Pour nous, selon la saison et la température, c’est jarret de porc grillé ou bien comme hier, jambon à l’os cuit à la broche avec un assortiment de petits légumes au grill.
Ma femme ne vient à la foire que pour ça et moi qui la suis, s’il n’y avait le mot jambon sur l’affiche, on ne m’y verrait pas souvent. Assurément, dans la ferraille c’est le jambon le meilleur !
« Foire à la ferraille et au jambon » : Ile des Impressionnistes à Chatou (78) – Accès par le RER A - Du 7 au 16 mars 2014