Scarlet est une trilogie écrite par A.C. Gaughen, qui n’a pas encore été traduite en français mais que je recommande chaleureusement à ceux d’entre vous qui lisent l’anglais. J’ai dévoré en une journée le second tome, Lady Thief, qui vient de sortir et que j’attendais depuis le mois de juin après avoir lu le premier. Je ne sais pas comment je vais patienter jusqu’à la sortie du troisième !
Il s’agit d’une relecture de la légende de Robin des Bois. Il y en a eu un certain nombre et il y en aura sans doute encore beaucoup, mais celle-ci sort du lot pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, le personnage principal, Scarlet, est une femme (adaptation du personnage de Will Scarlett, présent dans de nombreuses histoires de Robin des Bois). Une femme forte, indépendante, qui lance des couteaux, se bat, et jure à en faire rougir ses compagnons.
“Stop it. You ain’t sorry you got John and Much mixed up in this. You ain’t sorry I’m outta London. It ain’t no tragedy that I bleed, so let it lie.”
[Robin] looked at me with his funny, lopsided grin, like he knew how tough I were and it weren’t half what I wanted to be. “I’m saying I’m sorry you got hurt, Scar.”
“And I’m telling you I make my own decisions. Including who to fight for and when to get hurt.”
À travers ses yeux, on observe la société de l’époque et la place faite aux femmes – mais aussi les abus et privilèges des nobles, la lâcheté ordinaire, etc. Une touche très sociale, donc.
Les personnages sont très réalistes, avec leur cohérence et leurs contradictions, et ils évoluent clairement au fil du récit. Le personnage de Gisbourne, notamment, est très bien écrit, surtout dans le deuxième tome, ce qui n’est pas si courant pour les personnages de méchants !
Le style et le langage sont délicieusement authentiques : Scarlet raconte comme elle parle, avec un vocabulaire et une conjugaison très familiers, proche du langage du peuple au Moyen-Âge. Au début, surtout pour un lecteur dont l’anglais n’est pas la langue maternelle, cela déstabilise, mais c’est ce côté étrange qui permet de se plonger totalement dans l’histoire. Et cela n’empêche pas le style d’être aussi poétique, avec de belles métaphores et un rythme agréable.
“King Richard, him they called the Lionheart, had taken his lion paws over to the Holy Land. He were off fighting infidels while his people – while my people – starved. There wouldn’t be no game left for hunting when Richard returned. ‘Stead of deer, England would be full up of wolves, the biggest among them Prince John.”
Une de mes plus belles découvertes en 2013-2014 !