Magazine Journal intime

Adieu

Publié le 16 mars 2014 par Jeuneanecdotique
16 mars 2014

Vous aviez raison. Je suis une idiote. Je vais arrêter l'amour, je pense. Je vais me mettre au tricot.

J'ai eu ce soir, je pense, la plus grosse crise d'amour de ma vie.

La copine de mon ex, celui qui me baisait depuis deux semaines avec des déclarations enflammées, a osé m'appeler sous ses yeux, m'agresser, me dire "vas-y pourquoi tu lui parles, vous êtes plus ensemble, c'est fini".

Un mois que je supportais d'être dans l'ombre. Un mois que je le croyais, quand il me disait qu'il la quitterait. Un mois que je supportais qu'il m'ignore complètement quand il était avec moi, tandis qu'il passait son temps à lui parler quand il était avec moi. Un mois que je donnais tout l'amour que j'avais, pour au final ne rien recevoir de concret en retour, sauf des mots et toujours des mots, et quelques coups de bite. Un mois que je m'épuisais à rester forte pour continuer, pour le soutenir, pour que ça ne soit pas trop difficile pour lui.

Quelle conne.

Lorsqu'elle m'a dit ça, j'ai eu comme quelque chose qui a lâché. Toute cette souffrance, tous ces efforts, tout cet amour sans retour... Et maintenant, entendre sa voix, entendre la voix de celle qui me faisait si mal, l'entendre me demander d'arrêter de lui parler car soit disant c'était fini... J'ai craqué. Depuis un mois que je n'étais plus humaine, que j'étais un robot programmé pour son bonheur à lui, j'ai craqué.

Je lui ai tout dit. Que ça faisait deux semaines qu'on couchait ensemble, chez lui, chez moi, dans la voiture. Que si quelqu'un avait un problème c'était elle. Je hurlais tellement que tout l'immeuble a dû m'entendre. Nip, ce lâche, a dit "Tu as gagné Manon, tu as réussi ton coup, tu as tout cassé".

J'ai pris la plus belle gifle de ma vie. On m'aurait mis un couteau dans la main, je crois que je lui aurais planté dans la nuque.

Quel genre de mec manque assez de couilles pour faire tout ça, ensuite laisser sa poule m'appeler et me parler de cette manière, et ensuite dire que c'est ma faute ? On marche sur la tête. J'ai lâché que c'était le pire mec que j'avais vu. Lorsqu'il a dit que je ne racontais que des conneries, que maintenant elle allait y croire, je suis définitivement tombée au fond du trou. Tout ce qu'on avait vécu, tout ce en quoi j'avais cru ces dernières semaines, il reniait jusqu'à même l'existence de ces sentiments, ces moments passés ensemble... Qu'avais-je fait pour mériter ça ? Supporter, supporter, le laisser en paix, et ne pas supporter qu'elle vienne m'agresser?

Je n'ai jamais été dans un état pareil de ma vie. Mon père s'est rué hors de sa chambre, ma mère est monté, je hurlais, je pleurais, j'étais au bord de l'étouffement, je n'arrivais plus à respirer, parler, penser. J'avais mal, tellement mal, je m'en foutais tellement qu'on me voit gémir, le visage et les yeux bouffis. J'avais juste envie de crever, de rentrer sous terre. Tous les deux, ils m'avaient tué. Elle, en se permettant de venir mal me parler, alors que j'étais patiente et que je restais à distance depuis un mois, quand bien même cela me faisait mal. Lui, en me faisant passer pour la garce de service après tous les efforts que j'avais fait, toute la patience et la compréhension dont j'avais fait preuve. Si je n'avais pas reçu ce coup de fil, elle n'aurait sans doute jamais rien su. Je n'ai pas un mauvais fond.

Ils ont déconné. Ou plutôt, non. Elle est aussi victime que moi, dans cette histoire.

Il a déconné.

Je l'aimais. Je voulais finir ma vie avec lui. Et par lâcheté, il a osé faire comme si rien n'avait existé, comme si je n'étais qu'une vulgaire groupie qui raconte des mensonges.

Jamais, jamais je ne lui pardonnerai.

Jamais un homme ne récoltera mon amour sans avoir ramé dans la Manche avant.

Jamais plus.

Je me sens comme morte, vide. Humiliée. Oh que oui, je suis humiliée. Je n'étais qu'un trou, un trou à baiser. Il ne voulait pas de moi, sinon ça n'aurait pas été à moi de lui dire. Ce n'est pas que j'avais l'intention de le faire, juste qu'elle a tendu une perche et que j'allais trop mal pour ne pas la saisir.

C'est fini.

Et ce n'est pas parce que lui l'a décidé. Je savais, en hurlant, en lâchant tout, qu'il réagirait comme un con. Au fond, c'est que je dois pas le connaître si mal que ça, car il a réagi comme un triple con. Je le savais et je n'ai pas su m'arrêter de hurler, de vomir cette vérité qui me restait en travers de la gorge depuis si longtemps.

Je suis rassurée. Tout ce qu'il me disait était faux. Toutes ces déclarations, tous ces mots d'amour, toutes ces promesses... Je m'y accrochais inutilement car il y avait toujours une chance que ça soit vrai, car j'avais l'idiotie de vouloir porter son enfant un jour (si c'est pour mettre au monde un petit con qui ne respectera rien ni personne, non merci). Je m'accrochais à du vide, et maintenant que je le sais, je peux avancer.

Jamais je n'oublierai cette soirée où j'ai pleuré tellement fort que ma mère a dû sortir mon père de la voiture pour qu'il n'aille pas lui démolir la figure. Jamais je n'oublierai à quel point il m'a fait du mal, à quel point il s'est servi de moi, à quel point il m'a menti. Jamais. JAMAIS.


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