Dans un monde dévasté par la crise, il n'est plus question que de survivre. Usines fermées, Chômage généralisé, expulsions en série, files interminables aux soupes populaires... jusqu'à ce que le manque de nourriture atteigne de telles proportions que la famine ne connaît plus de limite. Le désespoir est tel que de nombreux parents en viennent à juger préférable de tuer leurs enfants plutôt que de les laisser mourir à petit feu.Les auteurs n'expliqueront jamais ce qui a précipité la société dans un tel abîme. Ils exposent une situation à ce point mortifère que la fuite d'une vingtaine d'enfants semble la seule échappatoire possible.
Une vingtaine d'enfants perdus.
Jonas, le plus âgé, n'a pas 16 ans. Galvanisé par la haine des adultes, il entraîne les autres dans son sillage. Pour les motiver, il a son violon avec lequel il joue sans relâche l'hymne de la révolution.
Sa Révolution.
Une révolution aux contours flous. Il voue une haine totaleaux adultes et tourne le dos à la société qui est devenue folle. Mais qu'offre-t-il à la place? Son but est d'atteindre la Forêt.
La Forêt, l'antithèse de la ville où ils ont tant souffert.
La Forêt où tout sera mieux.Mais pour y arriver, il faut traverser la Plaine.La plaine vide et désolée. Les enfants ne croisent pas une âme. Ils n'ont rien à manger. Ils suivent Jonas. Ils le suivent sans partager son rêve. Mais faute de mieux, ils le suivent.Jonas, pour conserver la main-mise sur le groupe, alterne la carotte et la bâton. Il tente de souder le groupe autour de Sa Révolution en multipliant les symboles: un hymne qu'il joue sans relâche sur son violon, une épopée écrite, puis déclamée au jour le jour, un culte à ceux qui tombent sur la route.
Mais il fait aussi régner la terreur. Toute velléité d'opposition est sévèrement réprimée.
Et la marche continue...
Des enfants tombent...Se relèvent...Retombent...Ne se relèvent plus.la Forêt offrira-t-elle l'asile tant attendu?
Objet assez radical que "ces enfants pâles", qui s'annonce sur la couverture comme "roman graphique".En effet, les auteurs parient sur une alternance de textes, d'illustrations et planches plus classiques. Les enchaînements sont fluides et la lecture agréable. Mais il y a la noirceur absolue du propos.