Plus ça va, moins ça va. Dès que j’allume la télé ou la radio pour prendre connaissance des informations, il n’y a pas un seul jour et pas une seule information qui ne prête à contestation ou critique par une moitié des Français. On peut parler de n’importe quoi, il y aura toujours dans l’assistance une moitié des auditeurs qui ne sera pas d’accord avec l’autre.
Certains considèrent, avec une compréhension bienveillante, que c’est un trait de caractère de notre nation, une caractéristique qui nous est propre et nous distingue du reste du monde. Selon eux, il faudrait s’en réjouir. D’autres, et je commence à en faire partie, y voient plutôt une trace visible d’une sorte de pathologie menant directement à une sclérose de l’esprit.
Entendons nous bien, il n’y a pas d’un côté les « bons » et de l’autre les « mauvais ». Il n’y a pas ceux qui disent toujours oui à tout et de l’autre, ceux qui disent non. Ce serait trop simple. Par contre tous, sont toujours prêts à contredire un voisin, un collègue, un autre compatriote. Aujourd’hui je crie avec untel contre machin, demain je crie avec machin contre untel, selon le sujet abordé. De toute manière, il y aura toujours matière à gueuler contre quelque chose.
Je ne prendrai que deux exemples, sans rapport l’un avec l’autre, et dont l’importance fait le grand écart entre eux, relevés en écoutant la télévision lundi soir.
Les mesures prises contre la pollution atmosphérique avec la circulation alternée instaurée sur la région parisienne. On a tout entendu. Ceux qui disent que ça ne sert à rien, ceux qui disent que ce n’est pas leur faute à eux mais aux autres, ceux qui disent qu’ils ne respecteront pas les consignes, ceux qui disent qu’il fallait faire quelque chose plus tôt, ceux qui ne disent rien mais qui n’en pensent pas moins, ceux qui disent quelque chose pour le plaisir de dire le contraire et j’en passe. Pourtant cette pollution est bien là – et cela fait un paquet d’années que nous le savons tous - et plus nous avançons vers l’été, plus elle sera prégnante. Renverser la vapeur ne se fera pas en claquant des doigts ou en sortant une solution unique du chapeau des miracles ordinaires. Les empoignades n’ont pas fini de polluer l’espace médiatique.
Le second exemple, c’est sur i-Télé lors du 20h Foot que je l’ai trouvé. Pascal Praud avait invité deux journalistes sportifs pour débattre de l’intérêt de l’arbitrage vidéo lors des matchs de football, suite au Monaco/Lyon où les trois buts monégasques sont entachés d’irrégularité. Quelle engueulade sur le plateau ! Engueulade souriante certes, mais ferme. L’un était pour, l’autre contre et il faut reconnaitre que les arguments des uns et des autres se tenaient.
Tout cela n’exprime qu’une seule chose à mon sens, le grand désarroi dans lequel nous baignons, nous autres Français. Chacun se cramponne à ses petits avantages, ses acquis, mais en voyant ses certitudes s’effondrer lentement face au monde nouveau qui se dessine inéluctablement devant nos yeux, la seule soupape permettant d’évacuer la peur, la rage ou l’incompréhension, c’est de râler, rouspéter, gueuler dans le vide s’il le faut.
Ca fait tellement de bien dans l’immédiat. Les chiens aboient…