Balade et évasion

Partir en balade c’est agréable mais ça l’est plus encore quand au hasard d’un chemin on tombe, non pas obligatoirement sur quelque chose d’extraordinaire comme une vue mémorable, un arbre magnifique ou un animal qui détale dans un fourré mais sur un élément du décor qui vous propulse dans un ailleurs fantastique.

Hier, par exemple, j’étais sur les hauteurs du parc de Marly où j’aime à traîner mes guêtres et si vous avez bonne mémoire, il y a peu, je vous avais signalé que les agents forestiers s’activaient au maximum pour élaguer, débroussailler et alléger la forêt des bois morts ou mourants, résidus de la tempête de 1999.

J’étais donc en terrain connu, bien que peu reconnaissable au vu des coupes claires, rendant le paysage neuf. Je découvrais pas à pas mon nouveau domaine, me dirigeant vers une zone jadis broussailleuse, attiré par la luminosité du lieu privé de ses hautes herbes et ronces. Une cuvette dans le terrain, où l’eau croupissait favorablement pour les larves de libellules, accueillait aussi un ouvrage de pierres dissimulé jusqu’à ces derniers jours sous une végétation luxuriante. La taille sévère l’ayant dégagé de toutes entraves, j’ai enfin pu m’en approcher de près.

Et c’est là que l’imagination prend le relai des godillots. Un tunnel aboutissant en pleine nature ! Quelle merveille romanesque. D’où vient-il, qu’y a-t-il à l’autre bout ? Peut-être que Jean Valjean l’a emprunté s’il communique avec les égouts de Paris. A moins qu’Edmond Dantès, Comte de Monte-Cristo, ne s’en soit servi comme planque durant la préparation de sa vengeance. Mille possibilités sont envisageables, sans que je puisse en privilégier une plus qu’une autre.

M’éloignant, j’erre à travers sentiers sans plus m’occuper du paysage, l’esprit trop accaparé par cette découverte digne des meilleurs romans d’aventures.