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HUMEUR
20/03 Journée mondiale du conte
Publié le 20 mars 2014 par Jorge
Pour ne pas être en reste :
OLYMPIENNE
Lorsque la guerre de Troie commença, j'étais tranquille derrière un fourré bien fourni, faisant la cour à une nymphe arboricole qui ne semblait pas plus farouche que ça.
Un certain Pâris de son petit nom m'avait déjà fait dans le passé quelques tours de cochon et de plus, une Harpie m'a raconté que lors du jugement il y a eu passage de bourses sous la table et que les trois farouches avaient beurré les douces mains du beau prince avec ce qu'elles avaient encore sous la main.
La plus culottée, si je puis dire, était l'Aphrodite, qui lui a suggéré d'aller faire un tour avec la plus belle, qui à l'époque était encore un peu niaise.
Bref, le bonhomme a pris la petite Hélène sous son bras protecteur et l'a amenée avec lui directement à Troie, en nous embarquant tous dans une histoire dont on en parle encore, même si l'affaire ne date pas d'hier.
Chez moi, à l'Olympe, on a eu du grabuge. À cause de l'un, fils de déesse et tout, dont la mère, une ancienne amie un peu passée, me demandait de lâcher quelques foudres bien senties sur la tête du troyen.
À causse aussi de telle autre voisine, mère de dieux, comme on en trouvait alors dans tous les recoins, me priant que je lui coupasse au bonhomme tout ce qu'il y avait à couper pour qu'il débarrasse le plancher et laisse le champ libre à son dernier compagnon d'olympiades à elle.
J'en ai eu par dessus la tête de leurs histoires, donc, j'ai mandé mon ami Epeo pour qu'il invente un quelconque truc trompeur et fasse peur pour de bon aux troyens.
Je croyais qu'avec ça l'affaire se serait tassée, mais en plus des vengeances croisées des uns sur les autres, des conteurs et des poètes sont sortis de sous les ruines, chacun avec sa version de l'affaire, qui continuent à s'en mêler en faveur de tel ou tel camp et nous pourrissent le dîner à nous, qui aimons manger dans le calme.
Le plus terrible est que chaque matin on découvre un nouveau sauveur-de-peuples dans les endroits les plus paumés, qui s'inspire de la vieille affaire pour lancer sa propre histoire à la gomme et garder pour lui seul la pomme d'or et la fillette.
Un de ces quatre je vais piquer une rogne du tonnerre et je vais leur déverser sur leurs tronches une telle pelletée d'éclairs qu'il n'en restera pas un seul terrien pour le raconter.
Par la même occasion, j’enverrai aux enfers une sacré charrette de dieux, déesses et quarterons qui me blanchissent la barbe avec leurs chamailleries.
Foi de Zeus!
© Jorge