Avec cette arrivée dans le milieu de la haute-couture, allait également s'ajouter une autre bonne nouvelle qui allait m'apporter un certain confort.
Cet ami Jean-Pierre qui m'avait hébergée rue Blanche, durant quelques temps, organisait une soirée. Je m'y présentais avec joie et le fait d'avoir acquis un job chez un couturier me donnait à présent une certaine aisance parmi tous ses invités qui appartenaient en grande majorité au monde artistique.
C'est ainsi que je fis la connaissance de Gérald que Jean-Pierre m'avait présenté.
Gérald était un artiste, et très beau garçon, mais qui reflétait avant tout une certaine personnalité intéressante, joyeuse, une grande simplicité et générosité.
Il venait de se faire engager dans le fameux très beau spectacle de transformiste, rue de Marignan, à deux pas des Champs-Elysées 'La Grande Eugène", où le tout Paris se bousculait pour y assister, c'était totalement d'actualité avec la célèbre pièce de théatre qui se jouait au Palais Royal, "La Cage Aux Folles" interprétée par Michel Serrault et Jean Poiret, l'évènement dont tout le monde parlait.
C'est ainsi que j'allais rencontrer celui qui allait devenir le très célèbre et talentueux comédien, Jean-Claude Dreyfus qui à l'époque était la vedette du spectacle de "la Grande Eugène".
Avec Gérald, nous avions discuté toute la soirée et lorsqu'il apprit que je logeais à l'hôtel il me proposa de partager l'appartement qu'il louait. J'acceptais en qualité de co-locataire.
La situation géographique de ce nouveau logement permettait de me rendre chez Louis Féraud à pieds en quelques minutes. Il en était de même pour Gérald qui terminait le spectacle très tard et rentrait la plupart du temps à pieds.
A cette période je n'empruntais jamais le métro. Même lorsque je rejoignais Gérald rue de Marignan pour assister à son spectacle pour la énième fois, nous terminions la soirée au restaurant Le Pichet, rue Pierre Charron avec toute l'équipe, où en discothèque située dans le quartier.
Nous nous déplacions uniquement à pieds ou en taxi.
A cette époque je baignais dans le monde de la haute-couture et du spectacle.
Nous avions un rituel, chaque dimanche après-midi, nous nous rendions au casino de Paris où une amie se produisait dans la revue de Roland Petit avec Zizi Jeanmaire et "son Truc en Plumes" !!!
Le soir, après le spectacle elle nous invitait à déguster les spécialités de sa Louisiane natale qu'elle nous cuisinait avec amour.
Avec ce rituel dominical, nous connaissions parfaitement chaque tableau du spectacle de Zizi Jeanmaire et Roland Petit, même les costumes dessinés par un jeune couturier très en vogue, Yves-Saint-Laurent, et également ceux dessinés par le célèbre Erté qui m'avait tant inspiré dans mes créations de dessins de tissus.
Nous avions également pas mal d'amis à l'Alcazar, le spectacle était présenté par Jean-Marie Rivière. Nous fréquentions souvent les lieux pendant le spectacle, où certains danseurs et chanteurs étaient des amis.
Quant à nos voisins de palier, c'était un couple qui venait de la Jamaïque, lui était noir, elle blanche d'origine anglaise. Elle prétextait à ses parents faire des études à Paris, pour cacher cette idylle interdite avec le Jamaïcain de couleur.
Pour améliorer leur vie parisienne qui ne pouvait subsister d'amour et d'eau fraîche, ils se produisaient en couple chaque soir, sur la scène des Folies Pigalle dans un spectacle de nus, auquel nous assistions parfois, et en bons jamaïcains de l'époque, la marijuana faisait partie du quotidien chez eux.
Avec toutes ces sorties de noctambules, j'arrivais malgré tout à me rendre chez mon nouvel employeur, Louis Féraud, pleine d'énergie et de créativité.
Deux photos du spectacle de la Grande Eugène, puis deux photos du spectacle avec Zizi Jeanmaire, et deux photos de l'Alcazar avec Jean-Marie Riviére