Je n’ai plus le courage d’écrire sur l’Ukraine et la Crimée, tant le discours de nos dirigeants et celui de la presse vont à l’encontre de mes convictions personnelles. On nous présente la Russie comme un pays agressif alors qu’on lui a volé la Pologne, la Tchécoslovaquie, Le Yougoslavie, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie et maintenant l’Ukraine, sans parler des tentatives de déstabilisation dans le Caucase. Le dos au mur, complètement acculée, la Russie ne peut que se défendre. Si elle ne le fait pas aujourd’hui, dans cinq ans elle n’existe plus. D’ailleurs il est certain que les forces de déstabilisation qui ont fait leurs preuves en Syrie et en Ukraine sont déjà à l’œuvre sur le territoire russe.
En réalité nos chers dirigeants n’avaient peut-être pas prévu que la Russie oserait riposter. Pourtant c’était couru d’avance, car si elle s’était montrée ferme sur le dossier syrien (où elle possède un port pour ses bateaux de guerre), elle ne pouvait pas faire moins au sujet de son ancienne province d’Ukraine où se trouve une de ses plus importantes bases navales. Le monde unipolaire dominé par les USA vient peut-être de trouver ses limites en découvrant un adversaire de taille en face de lui.
Du coup, il n’y a pas trente-six solutions. Soit les USA redeviennent plus raisonnables et ils revoient leurs prétentions hégémoniques à la baisse, soit ils s’obstinent à vouloir que la planète entière adopte leur système libéral et on va droit à la guerre.
Or justement, cette guerre nos chers médias sont en train d’en rendre la Russie responsable alors que je continue à dire que nous sommes les agresseurs et que la Russie ne fait que se défendre. Que je sache, elle n’a jamais envahi la Pologne ni déstabilisé l’Allemagne pour récupérer la partie est de son territoire.
Que la milliardaire Timochenko assimile le rattachement de la Crimée (à la Russie) à l'Anschluss des nazis, cela fait sourire quand on sait que le pouvoir a été pris à Kiev par des troupes paramilitaires d’extrême-droite alors que c’est par referendum que la Crimée a demandé son rattachement à la Russie. Mais Madame Timochenko, qui s’est déjà enrichie lors des premières privatisations qui ont frappé son pays (après la révolution orange commanditée par les USA) voit évidemment d’un mauvais œil la nationalisation par la Russie des richesses gazières de la Crimée. Elle hurle donc au loup en espérant que l’Otan viendra chasser l’ours russe, ce qui lui permettra de s’enrichir à nouveau.
Elle n’est d’ailleurs pas la seule à tenir ce discours. D’Obama à Hollande, en passant par Fabius et Verhofstadt (l’ex premier ministre belge devenu le chef de file des libéraux européens), tous accusent la Russie d’agression militaire. Ils oublient un peu vite les millions de dollars qui ont été dépensés par l’Occident les cinq dernières années pour soutenir (et probablement armer) la soi-disant opposition ukrainienne. Certes, ils n’ont pas tiré un coup de feu eux-mêmes, mais bon, c’est quand même comme s’ils l’avaient fait. D’ailleurs le triste sire Verhofstadt regrettait hier que l’Otan n’ait pas envahi la Syrie pour donner une bonne leçon aux Russes (et de quel droit serions-nous allés envahir ce pays qui ne nous a jamais rien fait ?), ce qui les aurait rendus plus dociles en Crimée. Son discours est clair : pour arriver à nos fins (non pas l’avènement du grand Soir, mais celui du libéralisme mondial, autrement dit le bonheur pour un pour cent de la population mondiale et l’exploitation et la misère pour les quatre-vingt-dix-neuf autres), il faut se montrer ferme et faire la guerre, sinon on n’arrivera à rien.
Que tout cela est désolant…
Et l’Europe, en bonne vassale de son suzerain étatsunien, applaudit des deux mains, alors qu’elle sera la première victime en cas de conflits. Une Europe un peu affaiblie, dont les moyens de production seraient mis à mal par une bonne guerre, arrangerait bien l’Amérique, qui pourrait venir tout reconstruire et nous vendre ses produits.
Je regrette le temps, pourtant pas si lointain, où la France n’appartenait pas à l’Otan et où elle refusait d’intervenir en Irak.
Crimée, le soir du référendum