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Chez Louis Féraud

Publié le 21 mars 2014 par Paniervolant









J'habitais rue Roy dans le 8eme arrondissement, entre le boulevard Malesherbes et la rue de la Boétie que j'empruntais chaque matin pour ensuite prendre la rue des Saussaies et atterrir dans la rue du Faubourg Saint Honoré, avec à droite la place Beauvau et le Ministère de l'Intérieur, et à gauche la Présidence de la République, face à la maison de couture Louis Féraud.

Je garde le souvenir de mon arrivée dans cette maison de couture.
Le vendeur responsable de la boutique avait immédiatement sympathisé et mise à l'aise dès mon arrivée, en présentant toute l'équipe de la maison, avec Zaza l'épouse du couturier et sa fille Kiki, et le studio de création composé deux jeunes femmes nordiques.
Lorsque le directeur artistique arrivait, soudainement le silence semblait rompre la bonne ambiance de l'équipe.
Il était d'origine norvégienne, il s'appelait Per Spook, impressionnant par la taille et le style, et une certaine ressemblance avec Anthony Perkins.
Intimidée, je n'osais le regarder et il passa devant moi dans une indifférence totale qui se produisit à plusieurs reprises dans la journée.
Ce que je ne savais pas encore, c'est qu'il m'observait discrètement.
Le lendemain la même scène se répéta, puis, à la stupéfaction générale, il s'approcha de moi avec beaucoup de gentillesse, se présenta, observa mes dessins et me conseilla, et il se prit de sympathie pour moi, chose étonnante pour tout le personnel qui avait l'habitude de voir en lui un personnage d'une telle froideur condescendante, il était totalement différent avec moi, la petite nouvelle de la maison à laquelle il portait un certain intérêt.

Quelque temps après il me proposa une invitation en soirée. J'acceptais toute intimidée, et il m'emmena dans un restaurant très chic proche des Halles, puis expliqua m'avoir remarquée immédiatement dès mon arrivée chez Louis Féraud. Il trouvait que je n'étais pas une fille ordinaire qui dégageait une certaine personnalité.
De plus, il faut dire que même si j'étais passionnée par ce monde de la haute-couture, je n'avais rien d'une fashion-victim des années 70, puisque je m'habillais vintage avec des tenues dénichées aux puces de Portobello road à Londres ou aux puces de Paris, très Greta Garbo ou rétro, toujours inspirée par Erte, et je réalisais parfois mes tenues.
Ce style que j'avais adopté, allait me transformer en muse inspiratrice, mais j'en étais encore inconsciente.

J'aimais ce studio où je dessinais, qui se situait face au Palais de l'Elysée, au premier étage de la maison de couture, avec la baie vitrée qui permettait d'assister aux allers et venues dans la cour d'entrée, des Grands de ce monde et autres personnalités politiques qui se rendaient à la Présidence de la République.

Nombreux étaient les journalistes et photographes qui suppliaient Louis Féraud de jouir de ce panorama exceptionnel pour raison professionnelle.
Aujourd'hui la boutique Louis Feraud n'existe plus, c'est un antiquaire qui profite de ce panorama particulier.
Je comprenais que je jouissais d'un privilège quotidien exceptionnel.

Cette nouvelle vie correspondait enfin à mes aspirations et je l'aimais............

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