Les nouvelles mésaventures de la rose XI

Publié le 25 mars 2014 par Observatoiredumensonge

   Les nouvelles mésaventures de la rose   

Par Jean-Marie Pieri

CHAPITRE XI

MIROIR, MON BEAU MIROIR!

Le roi se rongeait les sangs dans ses appartements. Le temps avait passé et rien ne changeait, quand tout aurait dû changer. Plus rien n’allait, ni ne fonctionnait au royaume de la bonté, de l’équité et de la justice. Et …

… le roi pleurait ses illusions perdues, l’économie pantelante d’un pays à l’agonie, le front de la haine se renforçait autour de lui et ses ennemis n’attendaient qu’une occasion pour le renverser, comme un vulgaire tyran!

Ce programme si bien élaboré par les experts des cabinets ministériels avait lamentablement échoué. Il rougit de honte, le miroir restait sourd à toutes ses plaintes, la sorcière vaudou l’avait prévenu: le chaos menaçait!

Ses plans subtils avaient fait long feu, en dépit des efforts, ils s’étaient fracassés contre la réalité. Premier, l’exécutant fidèle s’était planté, erreurs à profusion, pourtant au bout de vingt mois il ne l’avait pas encore remplacé.

L’orchestre du club point gouv. s’agitait et dansait au rythme endiablé des plus perfides trahisons, la presse, même muselée, marchait à tort et à travers, consulter magiciens et voyantes ne servait plus à rien, le royaume allait de mal en pis!

Le roi s’approcha du vénérable miroir vénitien d’or et d’argent en forme de rose de grande taille qui lui avait été offert par Dieu en personne sur son lit de mort. La surface convexe de l’objet et les coins biseautés attiraient l’oeil.

Il plongea sur le plan incliné du lac de mercure qui pulsait prêt à l’engloutir dans ses eaux impures. Le cadre étincelait de mille feux. Pour se libérer de l’emprise il ferma les yeux, les ouvrit, sa main effleura le cadre noir.

Dis-moi, mon beau miroir, les affaires du royaume sont bien embrouillées, l’ennemi devient chaque jour plus fort et mieux considéré, mes partisans n’attendent que l’instant propice pour me trahir! Que dois-je faire et que faut-il envisager?

J’ai beau rendre coup pour coup à l’adversaire, multiplier les artifices juridiques pour l’écraser, mais il résiste et se défile comme un anguille, la horde des jupes noires n’y suffit plus, tel le phénix il renait de ses cendres: je n’en peux plus!

Le roi se massait les joues et le front: ce peuple si versatile et léger ne m’aime pas, il grinça des dents, personne à qui faire confiance et nous arrivons à la croisée des chemins, ces élections vont être un pur désastre, il faut tailler dans le vif!

Me séparer de ce troupeau d’imbéciles "inutiles" (il rit du bon mot) réduire la voilure, virer tous ces crétins et ces incapables, m’appuyer sur une équipe resserrée (il toussa) hum à voir et à peser, ils sont tous pareils, ma dernière cartouche la dissolution!!

Le roi énervé sautillait devant le miroir, il faut agir encore plus fort, l’autre là, je le suis à la trace et je sais ce qu’il fait et ce qu’il dit à chaque minute grâce à Torero et à Madame des iles lointaines, se palpa les flancs satisfait à l’idée d’une improbable amourette!

Tout ce que je dois subir, la presse ne m’épargne guère, elle ses maîtres et ses chiens! A l’international j’ai marqué des points, même si nos alliés ne ratent pas l’occasion de nous critiquer, l’aigle et l’ours ne cessent de s’affronter sur le terrain diplomatique!

L’union prise entre deux feux: l’enclume et le marteau ne peut s’affirmer et peser sur les évènements qu’à une seule condition en parlant d’une seule voix pour échapper à la domination de l’aigle, à la pression de l’ours qui nous manoeuvre sans la moindre hésitation.

Le miroir ternit et s’obscurcit, signe inquiétant: l’horizon des évènements s’assombrissait à vue d’oeil, sur le plan intérieur ce n’est pas bon, ma droite pédale dans la semoule, mon centre rumine et piétine, ma gauche fulmine et vitupère en plein vent, donc j’attaque!!!

A suivre…

Jean-Marie Pieri