Arf, mes aïeux, quelle marrade ce dernier dimanche 23 mars 2014 !
Je vais vous raconter... Nous avions convenu Fabrice, José et moi, d'une sortie "pêche" à Attichy dans l'Aisne, près de Compiègne, sur un étang dont nous payions une cotisation à l'année. Nos femmes, trop contentes de se débarrasser de nous -à 40 ans, après 20 ans de mariage, toute séparation momentanée devenant un instant d'intense bonheur- prévirent d'aller faire chauffer nos cartes bleues dans les centres commerciaux de Parinor.Nous avions choisi ce jour car aucun évènement particulier ne venait entraver ce pur moment de bonheur campagnard. Chacun ayant amené sa caisse de 24 bières, nous étions parés pour quelques heures, d'autant que j'avais pris le soin d'emporter mon barbecue, une vingtaine de merguez, 6 steaks et quelques sardines. Un cubitainer de 15 litres de vin de la communauté européenne particulièrement gouleyant fut prévu pour arroser nos glottes asséchées. Je ne parle pas, bien entendu des 2 magnums de Pastis destinés à nous mettre en bouche...Bref, une journée paradisiaque se profilait sur l'étang fumeux, il était 7 heures du matin, il faisait frisquet mais le ciel était clair. Les corneilles et autres hérons semblaient souffrir d'un engourdissement nocturne malgré l'absence remarqué du moindre souffle d'air.
Nous avions l'habitude de concourir entre nous : chaque quart d'heure, celui qui prenait le moins de poissons devait offrir un coup aux autres. José se trouva vite dépossédé de son stock de bières car c'était un bien piètre pêcheur. La matinée fila très vite et c'est titubants que nous nous installâmes autour de la table de camping pour prendre l'apéritif.Les rires gras fusaient sur des plaisanteries lourdes et de mauvais goût. Dans notre entourage, on nous appelait "les 3 beaufs" en souvenir du fameux film des Inconnus, "les 3 frères" ! Fabrice pétait sans cesse, ce qui nous mettait à chaque fois de joyeuse humeur. Même les corbeaux qui lorgnaient nos restes semblaient participer à la fête.
Nous terminâmes le repas à quatre pattes, José partit ronfler sous la table, Fabrice et moi, rejoignant le bord de l'étang, pour continuer à vider l'étang de toute existence aquatique. Trop ivre, Fabrice glissa dans l'eau les pieds pris dans la vase jusqu'à la taille. Je hurlai de rire mais il le pris très mal et m'attira dans l'eau.De colère, je lui collai une mandale qu'il me rendis avec application. José réveillé mais hébété s'avança et pris un coup de genoux dans les parties. Une bagarre générale s'ensuivit. Le visage tuméfié, des bleus partout, nous nous arrêtâmes pour boire un peu d'eau de vie et rigoler en regardant les traces de coups sur nos visages marqués !
- Encore un coup que les boches n'auront pas, hurla José ! Nous éclatâmes d'un rire franc et loyal.- Qu'il aillent se faire enculcant ! Lança Fabrice, incapable de prononcer correctement le terme exact.
La journée se termina ainsi dans la joie et la bonne humeur avec une ambiance de franche camaraderie qui sied particulièrement à nous autres Français moyens.
Nous avons alors convenu d'une prochaine sortie de pêche, dimanche 30 mars 2014 car rien ni aucun évènement important n'aura lieu ce dimanche si ce n'est le passage à l'heure d'été !Je vous devine bien envieux : vous n'avez qu'à faire comme nous, les amis ! Bonne pêche !